Actualités locales
qui décide vraiment des résultats au Cameroun ?

Le processus électoral camerounais donne l’illusion d’une démocratie régulière, encadrée par des textes, des institutions, des urnes, des procès-verbaux et même une juridiction constitutionnelle. Pourtant, à mesure qu’on avance dans la procédure, le décor s’effrite. Rien ne garantit que la volonté populaire exprimée dans les urnes corresponde à ce qui sera proclamé. Pire : ceux qui souhaitent contester n’ont ni base stable, ni délai réaliste pour agir, car tout est conçu pour piéger le recours dans l’urgence.
Lire l’analyse de Gaston NTOUBA ESSOMÈ
UNE ÉLECTION PEUT-ELLE AVOIR UN SENS SANS TRAÇABILITÉ ?
Quand la démocratie s’évapore après le dépouillement. Fausse transparence, et vraie confiscation.
Et si le vote ne servait à rien… parce que tout est joué après ? Ce texte est une critique de l’architecture institutionnelle, pas des hommes. Il invite à lire la loi… pour mieux voir comment elle neutralise la vérité, et comprendre pourquoi ça ne peut pas marcher, et comment cela a été construit pour ne jamais marcher.
Il n’est pas un cri de colère, c’est une démonstration froide. Il explique comment une élection peut être techniquement régulière… mais politiquement confisquée.
Quand le dépouillement est sans trace, les PV sans contrôle, et le recours sans issue, la démocratie devient une illusion arithmétique.
Le peuple vote.
D’autres corrigent, puis proclament.
Bienvenue dans un système où la vérité ne compte que si elle arrange.
Quant à moi, je dérange…
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INTRODUCTION :
UN SCRUTIN SANS RÉFÉRENCE FIABLE
Le processus électoral camerounais donne l’illusion d’une démocratie régulière, encadrée par des textes, des institutions, des urnes, des procès-verbaux et même une juridiction constitutionnelle.
Pourtant, à mesure qu’on avance dans la procédure, le décor s’effrite. Rien ne garantit que la volonté populaire exprimée dans les urnes corresponde à ce qui sera proclamé. Pire : ceux qui souhaitent contester n’ont ni base stable, ni délai réaliste pour agir, car tout est conçu pour piéger le recours dans l’urgence.
Dans ce simulacre électoral, tout est verrouillé, y compris la contestation.
Ce n’est pas un processus électoral, mais un véritable piège à légitimité. Tout est fait pour donner l’apparence d’un scrutin régulier : campagnes, bulletins, urnes, dépouillements et même la théâtralisation des résultats.
Mais en réalité, c’est un circuit fermé où chaque maillon est contrôlé par les relais du pouvoir. On ne demande pas au peuple de choisir : on lui demande de valider un scénario déjà écrit.
Mais de quoi parle-t-on exactement ? À quelle mécanique bien huilée sont confrontés les électeurs? Il faut entrer dans les coulisses du vote pour comprendre ce qui s’évapore entre l’urne et la proclamation.
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1.-
POURQUOI PARTICIPER À UN PROCESSUS OÙ TOUT PEUT ÊTRE RECONFIGURÉ APRÈS LE VOTE ?
Du dépôt du bulletin à la proclamation des résultats, le trajet est sinueux, opaque, et manipulable à chaque étape. Une fois le dépouillement terminé dans un bureau de vote, les résultats inscrits sur le procès-verbal ne sont pas immédiatement publiés de manière centralisée.
Le citoyen est tenu à l’écart.
Le candidat, souvent absent de ces commissions, découvre trop tard l’écart entre ce qui a été voté… et ce qui est déclaré.
Le bureau de vote est le théâtre.
Mais le vrai spectacle se joue dans les coulisses. Et le spectateur n’a plus son mot à dire.
Les résultats sont d’abord transmis aux commissions départementales de compilation, souvent hors de tout contrôle citoyen. Il y en a 58, une par département. Elles sont présidées par les tribunaux de grande instance, mais dirigées dans les faits par les préfets et les représentants de ELECAM.
C’est là que les résultats peuvent être recomptés, modifiés ou validés. C’est aussi là que les représentants des candidats peuvent être isolés, contraints ou neutralisés dans un huis clos sans témoin, ni caméra, ni observateur indépendant.
À ce stade, le peuple a voté, mais il n’a plus aucune prise sur la suite du processus.
Une fois les chiffres traités dans ces commissions départementales, ils sont envoyés à la Commission nationale de recensement général des votes, qui centralise, tranche, écarte ou valide les procès-verbaux, avant de transmettre le résultat final au Conseil Constitutionnel.
Article 113 du Code électoral :
« La Commission nationale de recensement général des votes est chargée d’effectuer le recensement général des votes à partir des procès-verbaux et documents électoraux transmis par les commissions départementales de supervision. »
Autrement dit, le Conseil Constitutionnel ne compile rien. Il ne fait que lire les chiffres envoyés par cette Commission nationale, dont la composition, elle-même déséquilibrée, verrouille toute possibilité de rectification réelle.
Et une fois signés, ces PV deviennent la « vérité officielle ». Toute anomalie détectée en amont peut être déclarée juridiquement inopérante, car la chaîne de contrôle a été rompue.
Article 55 du Code électoral rappelle pourtant que :
« Le dépouillement est immédiatement suivi de l’établissement du procès-verbal en autant d’exemplaires qu’il est nécessaire. Ce procès-verbal est signé par tous les membres de la commission locale de vote. »
Mais même ces PV de base, signés dans les bureaux de vote, ne protègent de rien. Ils peuvent être écartés plus haut, déclarés « perdus », ou simplement ignorés. Ils deviennent lettres mortes.
Car ce qui compte vraiment, ce n’est pas ce qui sort de l’urne, mais ce qui remonte à Yaoundé.
Et ça, personne ne peut le vérifier.
Ce verrouillage méthodique par les commissions de compilation n’est pas une anomalie administrative : c’est le cœur du système.
Nous l’avons déjà démontré dans un précédent article, notamment dans la partie intitulée :
« Le véritable terrain de jeu : les commissions, pas les caméras »,
où l’on montrait que ces structures (souvent pilotées par les préfets, les juges du régime et les agents de ELECAM ) jouent un rôle bien plus décisif que les urnes elles-mêmes.
Là où le citoyen croit encore voter, le système peaufine déjà sa mise en scène.
Ce n’est pas le vote qui détermine l’issue du scrutin, c’est sa compilation. Et cette compilation échappe totalement au contrôle populaire.
Ce verrouillage des résultats à huis clos pose une question cruciale :
Comment parler de démocratie sans traçabilité ? Quand le trajet entre l’urne et la proclamation relève plus du tour de passe-passe que d’un chemin de droit?
Car dès lors que la volonté populaire ne laisse aucune trace opposable, il ne reste qu’un décor sans garantie, une procédure sans preuve, et surtout un vote sans valeur probatoire.
Dans ces conditions, la participation devient une caution involontaire d’un système qui se moque du verdict des urnes.
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2-.
COMMENT PARLER DE DÉMOCRATIE SANS TRAÇABILITÉ ?
Une élection sans preuve est un leurre. Dans une vraie démocratie, ce qui compte ce n’est pas seulement le vote — c’est bien la preuve du vote.
Ce n’est pas le bulletin glissé dans l’urne qui garantit la souveraineté populaire, mais la possibilité de le retrouver, de le compter et de le recouper.
Or, dans le système actuel, la traçabilité est sacrifiée. Le matériel électoral disparaît avant toute contestation. Les procès-verbaux sont refusés, tronqués, imposés. Les bulletins sont jetés, brûlés ou broyés avant tout recomptage. Rien n’est conservé. Tout est évacué. Dans plusieurs cas signalés, les représentants des candidats n’ont même pas pu obtenir copie des PV.
D’autres ont été forcés à signer dans des conditions troubles.
Et une fois les documents centralisés, les responsables de ELECAM affirment que tout est déjà détruit.
Autrement dit : la preuve disparaît avant même le droit au doute.
Selon l’article 108 du Code électoral, les commissions locales sont pourtant tenues de dresser des procès-verbaux contradictoires, et d’en remettre copie aux représentants des candidats.
Mais en pratique, cet article est vidé de sa substance dès lors que ces représentants sont empêchés ou intimidés.
L’élection devient alors un rituel sans vérification possible, où l’on proclame sans pouvoir recouper, où l’on recompte… dans le vide.
On parle parfois de « recomptage » en cas de contentieux.
Mais sur quelle base, si le matériel est détruit?
Les PV d’Elecam sont annoncés comme la seule preuve légale. Mais comment les obtenir, quand les représentants des candidats sont expulsés, menacés ou empêchés d’être présents ?
La traçabilité n’est pas garantie.
Elle est même systématiquement empêchée.
Ce verrou n’est pas une hypothèse abstraite : il a déjà produit ses effets.
L’élection présidentielle de 2018 en offre un exemple éclairant, avec un candidat qui a tenté d’agir dans les règles… pour se heurter à l’absurdité du système.
Le précédent de 2018
L’élection présidentielle de 2018 illustre à quel point le contentieux électoral peut devenir une mise en scène verrouillée.
. Le professeur Kamto, dès l’annonce des résultats officieux, s’est proclamé vainqueur.
- Il a ensuite déposé des recours auprès du Conseil Constitutionnel. Mais ces recours ont été rejetés, souvent sur des motifs de recevabilité ou de forme, sans qu’aucune analyse réelle du fond ne soit entreprise.
- Face à l’impossibilité juridique de faire bouger les chiffres, la contestation s’est déplacée sur un autre terrain : la rue, la parole publique et la mobilisation populaire.
Face à un cadre juridique verrouillé, certains candidats optent pour une double démarche : engager des recours institutionnels tout en appelant à une mobilisation citoyenne.
Le paradoxe du recours en contestation
Voici le cœur du piège que révèle cette situation :
- Pour déposer un recours, un candidat doit contester ce qui a été proclamé.
Mais si aucun vainqueur n’est officiellement désigné, il accepte tacitement le calcul provisoire en déposant sa plainte.
- En déposant une requête, il risque d’apparaître comme reconnaissant la légitimité du cadre légal, même s’il conteste les chiffres ou la méthode.
- Autrement dit : pour contester, il faut être habilité à le faire ; mais pour être habilité à le faire, tu dois accepter, au moins partiellement, les règles du jeu que tu dénonces.
Ce piège est redoutable.
Dans d’autres contextes africains, ce type de contentieux “contestable parce qu’impossible” est un verrou :
Si tu réclames un droit, tu admets implicitement que ce droit t’est reconnu par l’autorité que tu contestes.
L’article 133 du Code électoral précise que seules les personnes habilitées peuvent introduire un recours.
Mais il ne garantit ni l’accès aux preuves, ni leur disponibilité. Résultat : tu peux “contester”, mais sans matière.
Ce qu’on peut en conclure
- Ce mécanisme rend toute contestation juridiquement difficile et politiquement risquée.
- Il contraint l’opposant à se battre dans un cadre qu’il juge vicié, tout en sachant qu’il sera jugé par les acteurs du système lui-même.
- Le recours judiciaire est ritualisé. Il ne corrige pas les fraudes. Il les habille plutôt !
- Le véritable enjeu devient la perception publique, la légitimité morale et la mémoire collective, plus que la procédure officielle.
À ce niveau, la Constitution elle-même est vidée de sa promesse.
L’article 2 de la Constitution affirme que “le pouvoir appartient au peuple” et que “le suffrage est universel, égal et secret”.
Mais si le peuple ne peut pas prouver ce qu’il a voté, alors cette souveraineté devient pure fiction.
Mais alors, qui contrôle vraiment l’expression populaire? Qui décide de ce qui peut ou non remonter à la surface ?
Et surtout… que reste-t-il du pouvoir du peuple quand tout peut être inversé, puis verrouillé, sans laisser de trace ?
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3-.
QUI CONTRÔLE VRAIMENT L’EXPRESSION POPULAIRE ?
Ce que le citoyen voit s’arrête aux urnes. Ce qu’il ne voit pas, c’est la mécanique des coulisses. Or, c’est là que tout se joue.
Et si un représentant d’un candidat refuse de signer un PV ?
On le remplace. Ou on le fait tair€.
C’est bien connu — et c’est là que commence le verrouillage.
Le système repose sur un pouvoir vertical, verrouillé à toutes les échelles.
Les véritables centres de décision ne sont pas les urnes, mais les structures administratives, préfectorales et partisanes.
Le peuple vote. Mais il ne compile pas. Il ne siège dans aucune commission. Il ne contrôle ni les PV, ni leur remontée.
Il assiste, impuissant, à la mise en scène de son propre choix.
Pourtant, selon l’article 113 alinéa 2 du Code électoral, la Commission nationale de recensement général des votes est censée “procéder publiquement” au dépouillement des résultats départementaux.
Mais dans les faits, tout se joue à huis clos, loin du regard citoyen.
La suite du processus se joue dans une structure que peu de citoyens connaissent : la Commission nationale de recensement général des votes.
C’est elle — et non le Conseil Constitutionnel — qui compile les résultats venus des 58 commissions départementales, elle tranche les litiges, écarte certains PV, valide d’autres… et transmet le résultat final au Conseil Constitutionnel, qui n’en fera qu’une lecture officielle.
Cette Commission a été officiellement nommée le 15 octobre 2025, trois jours après le scrutin, par une résolution du Président du Conseil Électoral.
Sa composition parle d’elle-même :
- 5 représentants de l’administration territoriale (préfectures),
- 5 représentants de ELECAM, organe organisateur du scrutin,
- 2 magistrats de l’ordre judiciaire,
- 12 représentants des candidats, dont :
- 1 seul pour le RDPC, parti au pouvoir,
- 11 pour les autres candidats.
À première vue, l’opposition semble majoritaire.
Mais ce serait ignorer le poids réel de ceux qui tiennent la plume.
Les 12 représentants du pouvoir exécutif (administration, ELECAM, magistrature) forment un bloc discipliné, lié à la même hiérarchie.
Ils sont à la fois juges, organisateurs et parties prenantes.
Cette configuration contrevient à l’esprit de l’article 2 de la Constitution, qui proclame que “le Cameroun est une République démocratique”, fondée sur “la séparation des pouvoirs” et “la souveraineté nationale exercée par le peuple”.
Mais ici, l’indépendance des organes de compilation est une fiction.
Dès lors, il ne s’agit pas d’un simple déséquilibre numérique : c’est un verrouillage structurel.
Une mécanique où la majorité est garantie d’avance, indépendamment de la volonté populaire.
Et tout cela se déroule hors du regard citoyen, sans observateurs indépendants, sans audience publique et sans traçabilité des décisions.
L’article 55 de la loi électorale prévoit bien que les opérations de vote sont publiques.
Mais il ne dit rien sur la transparence des phases postérieures. Et c’est précisément là que tout se joue.
Rappelons que le Conseil Constitutionnel a bien le dernier mot… mais sur la base de documents transmis par d’autres.
Il ne vérifie pas les bulletins, ne recompte rien, n’enquête pas : il lit, examine la forme, et valide ou rejette ce qui lui est présenté.
Son pouvoir est décisif, mais dépendant.
Ce sont les commissions de recensement qui font le tri, les préfets qui orientent, ELECAM qui gère, et les forces de l’ordre qui maintiennent la paix… du silence.
Le peuple vote, mais ne compile pas.
Il ne siège dans aucune commission.
Il n’a accès à aucun logiciel.
Le peuple ne contrôle ni les PV, ni leur remontée.
Il assiste à la mise en scène de son propre choix.
Il est muselé. Et c’est l’appareil administratif qui parle à sa place.
Entre les électeurs et la proclamation finale, une chaîne opaque verrouille l’expression :
sous-préfets, commissions mixtes, agents de ELECAM, et même le tri sélectif des contestations.
L’article 138 du Code électoral précise pourtant que “le contentieux de l’élection présidentielle est de la compétence du Conseil Constitutionnel”.
Mais ce contentieux n’a de sens que si les anomalies peuvent être prouvées, ce qui est presque toujours rendu impossible.
L’électeur n’a plus aucun levier.
Il vote… mais d’autres compilent, corrigent et interprètent.
Et parfois, ils annoncent leur propre victoire avant même la fin du spectacle institutionnel.
C’est une mise en scène de démocratie, dont le texte a été rédigé ailleurs.
Cette inversion du pouvoir politique transforme l’expression populaire en simple décor.
Ce ne sont plus les citoyens qui valident leurs dirigeants,
ce sont les dirigeants qui valident leur propre pouvoir, avec la caution apparente d’un peuple désarmé.
Le suffrage devient un rituel sans impact, un geste sans poids véritable.
Comme le résume l’article 2 alinéa 3 de la Constitution : “aucune fraction du peuple, ni aucun individu ne peut s’attribuer l’exercice de la souveraineté nationale”.
Mais c’est pourtant ce qui se produit, sous couvert de procédure.
Le Conseil Constitutionnel ne contrôle rien.
Il reçoit, il lit et il homologue.
Il n’enquête même pas et ne vérifie pas les anomalies.
Il ne publie pas les détails.
Son rôle n’est pas de protéger le vote, mais de clôturer le processus.
C’est une juridiction de validation, pas de vérité.
Dans ce théâtre verrouillé, chaque acteur joue un rôle écrit à l’avance :
- L’agent administratif applique,
- le président de commission entérine,
- le préfet instruit,
- le juge valide.
Et le peuple ?
Il regarde. Il subit et doit se taire.
La souveraineté populaire est proclamée, mais confisquée.
On parle de démocratie…
Mais le système est structuré pour n’en conserver que l’illusion.
Ce mécanisme n’est pas une dérive ponctuelle. C’est une méthode.
Et cette méthode s’achève sur un paradoxe juridique :
un mécanisme qui rend toute contestation impossible, même légitime.
Un dispositif qui oppose le silence administratif à la parole citoyenne.
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CONCLUSION :
UNE DÉMOCRATIE QUI S’ÉTEINT DANS LA COMPILATION
Ici, le paradoxe est total :
le recours électoral doit être déposé avant même la proclamation des résultats.
Contester suppose donc de prouver sa défaite… avant qu’elle ne soit actée.
C’est un piège juridique redoutable, pensé pour désamorcer toute contestation.
Dans ce système, déposer un recours revient à contester un résultat encore inconnu,
à désigner un vainqueur non proclamé, donc à s’autoproclamer perdant.
Le système exige un aveu anticipé avant même l’acte d’accusation.
C’est une absurdité juridique, mais une arme politique d’une efficacité redoutable.
Le 15 octobre à minuit, le délai légal pour contester a expiré.
Conformément à l’article 133 du Code électoral, tout recours contentieux relatif à l’élection présidentielle doit être déposé dans les 72 heures suivant la clôture du scrutin. Passé ce délai, le silence devient fatal.
Aucun candidat n’a officiellement déposé de recours… alors même que les résultats n’ont toujours pas été proclamés.
Le piège a fonctionné.
Comme on pouvait le pressentir, Issa Tchiroma a renoncé à tout recours.
Un choix risqué, aux effets paradoxaux :
– d’un côté, il évite de contester un système qu’il sait verrouillé ;
– de l’autre , il expose au grand jour l’incohérence de sa posture de “vainqueur” autoproclamé.
En l’absence de preuve accessible au public, ses déclarations sont désormais qualifiées d’allégations sans fondement par les grands médias.
Cette incohérence se comprend mieux quand on explore la mécanique juridique du contentieux électoral. Selon une lecture rigoureuse du Code électoral, largement reprise par plusieurs praticiens, un recours n’est recevable que pour solliciter une annulation partielle ou totale du scrutin.
Autrement dit, celui qui se prétend élu ne peut pas introduire de recours sans se contredire lui-même: on ne peut à la fois affirmer avoir gagné… et demander l’annulation du scrutin qui vous aurait élu !
C’est dans cette impasse que Tchiroma a choisi le silence. Il ne s’est pas tu par modestie. Il s’est tu par stratégie.
Contester, c’était se tirer une balle dans le pied. Se taire, c’était assumer le flou.
Car dans ce système, seuls les PV de ELECAM ont valeur une légale,
et ces documents sont verrouillés, inaccessibles et invisibles.
La transparence est confisquée et la contestation, piégée.
L’article 113 du Code électoral confère aux procès-verbaux transmis par les commissions mixtes communales, départementales et nationale une valeur probante unique. Les bulletins physiques, eux, ne sont jamais recomptés.
Ce verrou juridique ne se limite pas à une anomalie de circonstance.
Il est au cœur du dispositif présidentiel, pensé pour évacuer toute vérité électorale.
Tant que cette procédure ne sera pas profondément réformée,
chaque scrutin majeur restera un simulacre, et chaque victoire, une fabrication.
Le peuple vote, mais ne compile rien.
On peut contester, mais seulement en acceptant ce qu’on conteste.
C’est tout le paradoxe de l’article 134 du Code électoral : un candidat ne peut introduire de recours que pour solliciter l’annulation partielle ou totale du scrutin, jamais pour revendiquer sa victoire.
Quant aux résultats, ils arrivent… mais sans preuves conservées.
On peut débattre des candidats.
On peut discuter des programmes.
Mais en l’absence de KAMTO, la campagne de 2025 ne s’est pas encombrée de ce luxe…
On peut espérer un sursaut. Mais tant que le système électoral camerounais restera aussi opaque, vertical et non traçable, toute alternance véritable relèvera de l’illusion.
Ce n’est pas une posture d’amertume, c’est un constat de lucidité.
La démocratie ne se mesure pas au rite du vote, mais à la manière dont le système respecte ce qu’il exprime.
L’article 1er de la Constitution camerounaise proclame que la République est « une démocratie fondée sur le respect des droits et libertés fondamentaux », mais ce principe reste théorique si la volonté du peuple n’est pas juridiquement traçable.
Et tant que cette exigence ne sera pas garantie, le vote ne sera pas un levier de changement, mais un rituel sans impact.
En attendant, le peuple observe, les coulisses s’agitent, certains bérets rouges sympathisent ici, d’autres matraquent là-bas, une jeunesse politiquement immature s’extasie, des repositionnements s’opèrent, tous se regardent en chien de faïence, l’émotion est palpable… et chacun se demande, dans un mélange d’espoir et de résignation,
à quelle sauce sera encore bouffé le Cameroun cette fois-ci !
Gaston NTOUBA ESSOMÈ
Libre penseur, esprit curieux,
réveillant, et plume affranchie.
J’éclaire, questionne et dérange.
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Actualités locales
plus de 50 morts et 2 000 arrestations, selon Human Rights Watch
Des dizaines de morts, des milliers d’arrestations et un climat de peur généralisé : c’est le bilan alarmant dressé par Human Rights Watch après l’élection présidentielle du 12 octobre 2025 au Cameroun.
Alors que le Conseil constitutionnel a confirmé la victoire du président sortant Paul Biya avec 53,66 % des voix, les manifestations qui ont suivi la proclamation des résultats ont été réprimées avec une brutalité extrême. L’organisation de défense des droits humains dénonce un usage disproportionné de la force par la police et la gendarmerie, ainsi que des détentions arbitraires massives dans tout le pays.
Selon le rapport publié le 12 novembre, les forces de sécurité ont tiré à balles réelles sur des manifestants dans plusieurs villes, dont Douala, Bafoussam et Garoua, provoquant la mort d’au moins 48 à 55 personnes selon différentes sources.
Human Rights Watch indique avoir recueilli les témoignages de familles de victimes et d’avocats décrivant des scènes de violence indiscriminée : des civils abattus dans la rue, des adolescents blessés par balles, des commerçants tués alors qu’ils tentaient de fuir.
Les autorités, par la voix du ministre de la Communication René Emmanuel Sadi, ont reconnu « plusieurs dizaines de morts » et promis des enquêtes, sans pour autant en préciser les modalités ni les responsables.
Parallèlement, les arrestations se sont multipliées. Des groupes d’avocats affirment que près de 2 000 personnes ont été interpellées depuis le 26 octobre, dont des mineurs et des citoyens sans lien direct avec les manifestations.
Certaines d’entre elles seraient détenues dans des lieux connus pour des pratiques de torture, comme le Secrétariat d’État à la Défense à Yaoundé. Les chefs d’accusation – « hostilité envers la patrie », « rébellion » ou « insurrection » – sont jugés par les défenseurs des droits humains comme instrumentalisés pour museler toute contestation politique.
Pour Human Rights Watch, ces dérives illustrent une dérive autoritaire profondément enracinée sous la présidence de Paul Biya, au pouvoir depuis 1982.
L’organisation appelle le gouvernement à libérer immédiatement toutes les personnes arrêtées pour avoir exercé pacifiquement leurs droits fondamentaux et à sanctionner les auteurs d’exactions.
Mais alors que la tension reste vive dans plusieurs régions, cette nouvelle crise postélectorale semble confirmer l’affaiblissement progressif de l’État de droit au Cameroun, où la voix des citoyens continue d’être étouffée par la force.
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Actualités locales
Cameroun-RDC : Un choc explosif pour une place en finale des barrages du mondial 2026


Ce jeudi soir à Rabat, les Lions Indomptables affrontent les Léopards congolais dans un match à quitte ou double qui pourrait sceller leur destin mondial.
Le rendez-vous est pris. Ce jeudi 13 novembre 2025 à 20h au stade El Barid de Rabat, le Cameroun et la République Démocratique du Congo vont se livrer une bataille sans merci en demi-finale des barrages continentaux de la Coupe du Monde 2026. Pour ces deux géants du football africain, l’enjeu est colossal : une seule victoire les sépare de la finale et d’un rêve de qualification pour la plus grande compétition planétaire.
Un duel de prestige aux allures de finale
Cette affiche oppose deux nations au palmarès impressionnant, qui ont marqué l’histoire du football africain. D’un côté, les Lions Indomptables du Cameroun, quintuple vainqueur de la Coupe d’Afrique des Nations, cherchent à retrouver la scène mondiale après avoir manqué le rendez-vous qatarien de 2022. De l’autre, les Léopards de la RDC, en quête de rachat après des années d’absence sur la scène internationale, arrivent avec une détermination farouche et un effectif en pleine confiance.
La tension est palpable, et l’issue de cette rencontre pourrait redéfinir les ambitions mondiales de l’une ou l’autre sélection.
Le Cameroun fragilisé mais déterminé
Les hommes du sélectionneur camerounais devront composer sans deux de leurs cadres majeurs. L’absence d’André-Frank Zambo Anguissa, milieu de terrain expérimenté de Naples, et d’Eric Maxim Choupo-Moting, vétéran et buteur clinique, pèse lourd dans les rangs des Lions. Ces forfaits pour blessure obligent le staff technique à revoir sa copie et à faire confiance à d’autres éléments pour porter l’équipe.
Malgré ces coups durs, le Cameroun peut compter sur sa solide ossature défensive et son expérience des grands rendez-vous. La résilience et l’état d’esprit guerrier qui caractérisent les Lions Indomptables pourraient faire la différence dans ce genre de match couperet où la moindre erreur peut être fatale.
La RDC, l’outsider ambitieux
En face, les Léopards congolais n’ont rien à envier à leur adversaire du soir. Portée par une génération talentueuse et une dynamique positive, la RDC arrive à Rabat avec l’ambition de créer l’exploit. L’effectif congolais, en grande forme physique et mentale, compte bien déjouer les pronostics et prouver que le football africain réserve toujours des surprises.
Cette équipe congolaise, souvent sous-estimée, possède les armes pour inquiéter n’importe quel adversaire. Sa vitesse offensive, sa technique collective et son envie débordante pourraient poser de sérieux problèmes à la défense camerounaise.
Un ticket pour la finale en jeu
Au-delà de la rivalité historique, c’est bien une place en finale des barrages qui se joue ce soir. Le vainqueur de cette demi-finale franchira un pas décisif vers l’obtention d’un précieux sésame pour la Coupe du Monde 2026, qui se déroulera aux États-Unis, au Canada et au Mexique. Pour les deux nations, c’est l’occasion rêvée de rejoindre l’élite mondiale et de porter haut les couleurs du football africain.
L’atmosphère s’annonce électrique au stade El Barid de Rabat, et les supporters des deux camps retiendront leur souffle pendant 90 minutes (ou plus) de suspense insoutenable.
Mobilisation générale
Du côté camerounais, c’est l’heure de la mobilisation totale. Joueurs, staff technique, dirigeants et supporters sont appelés à se rassembler derrière les Lions Indomptables pour les porter vers la victoire. Chaque Camerounais, où qu’il se trouve, aura les yeux rivés sur ce match crucial qui pourrait écrire une nouvelle page glorieuse de l’histoire du football national.
Le coup d’envoi sera donné à 20h, heure locale. Que le meilleur gagne, mais ce soir, tout un peuple espère que ce sera le Cameroun.
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Actualités locales
Production biologique : un projet de loi pour positionner le Cameroun sur un marché de 136 milliards €

(Investir au Cameroun) – Le Cameroun prépare un cadre légal pour réglementer la production d’aliments biologiques destinés à la consommation humaine et animale. Objectifs : professionnaliser une filière encore largement informelle et « permettre une meilleure visibilité et une rentabilité accrue des produits camerounais sur le marché international ». Le projet de loi régissant la production biologique a été déposé au Parlement le 10 novembre.
Selon le gouvernement, citant le Research Institute of Organic Agriculture (FiBL) et la Fédération internationale des mouvements d’agriculture biologique (IFOAM), « le marché des produits biologiques a enregistré une croissance exponentielle, avec une valeur estimée à 136 milliards d’euros » sur les quatre dernières décennies. « C’est dire que ce mode de production est une niche commerciale pour notre pays », ajoute-t-il.
Le texte définit la production biologique comme un système végétal, animal, aquacole, apicole et forestier fondé sur des pratiques respectueuses des équilibres naturels, limitant strictement les intrants chimiques de synthèse et excluant les organismes génétiquement modifiés. Il vise les principales cultures déjà produites de manière informelle au Cameroun : cacao, café, coton, fruits et légumes, vivriers, miel, poivre, patate douce, cire d’abeille, citronnelle, beurre de karité, entre autres.
Au-delà de la compétitivité à l’export, le gouvernement met en avant des bénéfices d’adaptation climatique. En encadrant les pratiques, la loi favoriserait des techniques susceptibles de limiter, à terme, l’impact des dérèglements sur les productions agropastorales. Un rapport récent de l’Observatoire national sur les changements climatiques chiffre à 6 710 milliards FCFA les pertes agricoles liées aux variations climatiques entre 1980 et 2022, soit plus de 24 % du PIB.
Pour convertir ce potentiel en parts de marché, la loi devra s’accompagner d’instruments opérationnels : normes nationales alignées sur les référentiels internationaux, dispositifs de certification et d’accréditation crédibles, traçabilité et contrôle public-privé, laboratoires reconnus et appui technique aux petits producteurs. À ces conditions, la montée en gamme pourra soutenir la diversification des exportations tout en renforçant la résilience des systèmes agricoles.
Ludovic Amara
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