Ce mercredi 5 mars 2025, sur le terrain en litige, les habitants de Kendeck, petit village du département de la Sanaga Maritime (région du Littoral), ont fait entendre leur ras-le-bol. Réunis à l’unisson, ils ont interpellé le gouverneur de la région et le chef de l’État, exigeant une solution définitive à un conflit qui dure depuis des années.
« Nous réclamons nos terres. Le Cameroun est un État de droit, et nous exigeons le respect des droits coutumiers des autochtones ! » : c’est par ce cri du cœur que la communauté a marqué son mécontentement. La veille, les villageois ont assisté, impuissants, à la destruction de leurs maisons et tombes par des engins de chantier, sous la surveillance des forces de l’ordre (policiers, gendarmes et militaires) mobilisées pour l’occasion.
« On nous a arnaqués »
Liken Tonye, représentant du chef de Kendeck, retrace l’historique du drame : « Je suis déçu que notre pays bafoue ses propres lois. Nous sommes nés ici. Ce problème a commencé quand feu Tchouta Moussa a obtenu une concession sur nos terres. Après sa mort, on a découvert qu’il avait opté pour l’immatriculation directe, sans respecter les termes du contrat. Puis, le général Mpay a prétendu acheter le même terrain… On nous a trompés. » Il poursuit, amer : « Le ministre nous avait autorisés à récupérer le terrain et à l’immatriculer. Nous avons monté un dossier, toujours sans réponse. En janvier, nous avons rencontré le gouverneur… Rien n’a bougé. »
44 hectares en jeu, 17 familles en souffrance
Emmanuel Ngoy, un autre porte-voix de la communauté, insiste : « Nous voulons récupérer nos 44 hectares. Ni Tchouta Moussa ni le général Mpay ne sont originaires de Kendeck. Les négociations avec le gouverneur doivent aboutir : nous ne cherchons pas la guerre, mais la justice. Que nos terres nous soient rendues, ou que les discussions se poursuivent dans le respect. »
Ce terrain, revendiqué par 17 familles, cristallise tensions et désillusions. Les villageois dénoncent aussi la spoliation de leurs biens et réclament une intervention urgente de l’État. En vain, pour l’instant. Les tentatives pour recueillir la version des autorités ont échoué : les forces de police ont expulsé nos équipes du site durant le reportage.
Affaire à suivre.