Dans le cadre de la loi de finances 2025, entrée en vigueur le 1ᵉʳ janvier dernier, les importations de véhicules électriques bénéficient désormais d’un cadre fiscal favorable. Ces véhicules sont exemptés du droit d’accises, auparavant fixé à 12,5 % à l’importation. Par ailleurs, un abattement de 50 % sur la valeur imposable est appliqué, pendant une période de deux ans, sur les véhicules neufs à moteur électrique ainsi que sur leurs batteries et bornes de recharge. L’objectif est d’encourager l’adoption de moyens de transport plus respectueux de l’environnement, conformément aux ambitions gouvernementales de réduction des émissions polluantes.
Une mobilisation du secteur privé
Le projet de vulgarisation des véhicules électriques au Cameroun s’appuie en grande partie sur des acteurs privés, regroupés notamment au sein de l’Association pour la promotion de la mobilité électrique du Cameroun (Apeme-Cam). Fondée en 2023, cette organisation est dirigée par le président-directeur général de 3S Motors, en partenariat avec Patrocle Petridis, directeur général de Total Energies Marketing Cameroun, qui en assure la vice-présidence. Selon les prévisions de l’Apeme-Cam, les routes camerounaises devraient accueillir dès 2025 une flotte diversifiée de véhicules électriques, incluant des modèles à quatre, trois et deux roues.
L’entrée en scène des acteurs internationaux
Ce nouvel environnement favorable aux importations massives de véhicules électriques attire également l’attention des entreprises internationales, notamment chinoises, déjà bien implantées sur le marché des véhicules thermiques. Parmi elles, Songuo Motors, un géant de l’électrique, se positionne comme un acteur clé de cette transition.
Lors d’une visite officielle au Cameroun le 1ᵉʳ novembre dernier, des représentants de Songuo Motors ont rencontré le Premier ministre et le ministre des Transports pour finaliser les détails d’un projet ambitieux dont le but est d’introduire des taxis et minibus électriques dans les grandes agglomérations camerounaises. Avec un capital social de 500 millions de RMB (environ 42,6 milliards de FCFA), l’entreprise promet de révolutionner le transport urbain grâce à des véhicules à l’autonomie étendue et au coût d’exploitation réduit.
Ce projet, dont les investissements sont estimés à plusieurs dizaines de millions de dollars, devrait générer des milliers d’emplois directs et indirects. Après une phase pilote réussie en 2023, Songuo Motors entend faire du Cameroun sa première base dans la zone Cemac, renforçant ainsi sa présence sur le continent après son implantation en Afrique du Sud en 2019.
Une transition encore semée d’embûches
Malgré cet enthousiasme, le secteur camerounais des transports demeure dominé par les véhicules thermiques. En 2023, les importations de voitures neuves se sont chiffrées à 3 753 unités, contre près de 30 000 véhicules d’occasion, majoritairement des modèles anciens et très gourmands en carburant.
En outre, les défis pour intégrer durablement les véhicules électriques dans le paysage local sont nombreux. Ils incluent l’absence de tests et d’homologations pour ces véhicules, le manque d’infrastructures de recharge adaptées, ou encore la formation insuffisante des professionnels sur les spécificités techniques des batteries et bornes de recharge. Par ailleurs, la disponibilité en énergie électrique reste un enjeu majeur.