La Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) a récemment adopté une série de mesures pour renforcer la disponibilité des pièces de 25, 50 et 100 francs CFA, dans le circuit économique camerounais. Dans une circulaire datée du 29 août 2024, le directeur national de la BEAC pour le Cameroun, Pierre-Emmanuel Nkoa Ayissi, a officiellement annoncé la mise en œuvre d’un mécanisme de dissémination des pièces de monnaie auprès du public. «Désormais, des quantités systématiques de pièces de 100, 50 et 25 francs CFA, toutes issues de la gamme 2006, seront systématiquement intégrées aux prélèvements effectués par les établissements financiers auprès des guichets de la BEAC», peut-on lire dans le document susmentionné.
Cette stratégie, qui concerne principalement les banques opérant sur le marché local, vise à garantir une meilleure distribution des pièces au sein du grand public à travers leurs canaux de distribution habituels. Afin d’assurer un suivi rigoureux de la distribution des pièces ainsi injectées, la BEAC demande aux banques d’envoyer, chaque mois, un rapport détaillé des opérations d’échange de billets contre des pièces de monnaie effectuées au profit de leur clientèle. Une mesure indispensable pour monitorer l’efficacité de cette nouvelle politique de distribution et ajuster si nécessaire les quantités mises à disposition.
CONTEXTE ET MOTIVATIONS DE L’INITIATIVE
Cette réorganisation logistique intervient alors que le problème de la pénurie de pièces de monnaie s’aggrave dans les économies de la zone Cemac. Selon la BEAC, ce manque de petites coupures empêche de nombreuses transactions dans les secteurs à forte densité d’échanges, comme le commerce de détail, les transports urbains ou encore les petites entreprises. En réponse, l’institution a récemment entrepris une injection massive de pièces sur le marché, à hauteur de 150 millions d’unités de la gamme 2006, comme le précisait une directive signée par Yvon Sana Bangui, gouverneur de la BEAC, en août 2024.
L’objectif de cette initiative est double : d’une part, fluidifier les transactions quotidiennes qui dépendent des petites coupures, et d’autre part, renforcer la confiance du public dans le système monétaire en assurant la disponibilité continue de la monnaie divisionnaire. Selon les données de la BEAC, l’économie camerounaise, tout comme celles des autres pays membres de la Cemac, reste largement tributaire des pièces de monnaie pour les petites transactions, ce qui justifie cette stratégie d’injection proactive.
DES CIRCUITS PARALLÈLES ET DES EXPORTATIONS ILLÉGALES
Cependant, cette rareté des pièces de monnaie ne s’explique pas uniquement par des facteurs liés à la gestion interne du stock monétaire. Un des principaux obstacles à la bonne dissémination des pièces de monnaie en zone Cemac est lié à des réseaux d’exportation clandestins. En effet, plusieurs études de la BEAC montrent que des circuits informels, notamment dans les salles de jeux et les marchés parallèles, sont responsables d’une collecte massive des pièces de monnaie, en vue de leur exportation vers certains pays asiatiques.
Là-bas, le métal qui compose les pièces est utilisé dans la fabrication de bijoux, détournant ainsi ces pièces de leur usage monétaire initial. Face à cette menace, la BEAC a réagi en annonçant le lancement d’une nouvelle gamme de pièces de monnaie, dont la composition sera modifiée pour rendre leur métal moins attractif à d’autres fins que leur usage comme moyen de paiement. Ce projet de modernisation des pièces s’étalera sur les cinq prochaines années et représente un investissement conséquent, en raison de l’augmentation du prix des matières premières nécessaires à leur production.
DOUALA AU CŒUR DES OPÉRATIONS
Outre la directive nationale, la BEAC a également multiplié les initiatives au niveau local pour combattre la pénurie de pièces de monnaie. À Douala, par exemple, Armand Lengué Koum, le chef de l’agence locale de la BEAC, a récemment invité les grandes enseignes commerciales à échanger leurs billets contre des pièces de monnaie. Cette opération, qui a lieu chaque semaine les lundis, mardis et mercredis de 7 h à 10 h, cible en priorité les commerces de détail, les pharmacies, les supermarchés et les boulangeries, des secteurs où les petites coupures sont essentielles pour faciliter les échanges.
L’objectif de cette campagne est de pallier la pénurie, particulièrement aiguë dans la capitale économique du Cameroun, et de garantir une meilleure circulation de la monnaie divisionnaire dans les secteurs critiques. À terme, la BEAC espère que ces mesures permettront de réduire la dépendance des commerçants vis-à-vis des billets de banque, souvent inadaptés aux transactions de faible montant, et ainsi de