L’arrestation du leader séparatiste camerounais basé en Norvège, Ayaba Cho Lucas, le mercredi 25 septembre 2024, a provoqué une onde de choc au Cameroun et dans la communauté internationale. Cela a été largement accueilli par des célébrations sur les réseaux sociaux alors que de nombreux anglophones poussaient des soupirs de soulagement. Selon certaines informations, les autorités judiciaires norvégiennes ont arrêté Ayaba Cho pour son implication dans des crimes d'importance internationale. Cependant, on ne sait pas exactement quel impact cela aura sur les victimes du conflit armé en cours dans les régions anglophones du Cameroun. Les séparatistes de la région se battent pour établir un État indépendant, connu sous le nom d'Ambazonie.
Beaucoup ne sont peut-être pas conscients de l’ampleur des atrocités commises par Ayaba Cho Lucas. MMI donne un aperçu de certaines des plus récentes.
Le visage de la violence armée
Ayaba Cho Lucas, le commandant des Ambazonia Defence Forces (ADF), a été l'une des figures les plus marquantes de la lutte violente pour l'indépendance anglophone. Depuis 2016, lorsque la crise a éclaté suite aux revendications des avocats et des enseignants, Ayaba Cho est un partisan sans vergogne de la violence armée. Sa milice ADF a revendiqué la responsabilité de nombreuses attaques contre des civils, des écoles et des forces de l'État, contribuant ainsi à l'aggravation de la situation dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun.
Ayaba a été le premier dirigeant séparatiste à appeler publiquement au recours à la violence dans la lutte pour l’indépendance, une démarche qui a aggravé le conflit. Sous sa direction, les ADF ont été impliquées dans des enlèvements, des meurtres, des extorsions et des actes de harcèlement, Ayaba Cho s'attribuant souvent le mérite de ces actions, quel que soit leur impact sur les civils.
Enlèvement contre rançon
Les ADF, sous la direction d'Ayaba, sont connues pour kidnapper des civils et des responsables gouvernementaux, exigeant souvent de lourdes rançons pour leur libération. Le 30 avril 2022, des combattants des ADF ont kidnappé la sénatrice Regina Mundi à Bamenda. Capo Daniel, chef de la défense des ADF à l'époque, a confirmé qu'ils avaient « arrêté » la sénatrice Mundi pour l'interroger, dans le but de l'utiliser comme monnaie d'échange pour un échange de prisonniers. Elle a finalement été libérée et aurait reçu une rançon de 40 millions de FCFA, bien que MMI n'ait pas pu le vérifier de manière indépendante. Cependant, elle est l’une des rares, sinon la seule personne de haut rang à avoir été kidnappée par les ADF et à retrouver sa liberté. D'autres n'ont pas eu cette chance.
De même, le 15 avril 2023, les ADF ont kidnappé deux enseignants du primaire à Nkambe et ne les ont relâchés qu'après avoir reçu une rançon de 1,5 million de francs CFA chacun. Les victimes, Mahngong Roland et M. Dickson, étaient respectivement enseignants dans les écoles primaires publiques de Mbikong-Tabenken et de Bongom. Ces incidents ne représentent qu'une fraction des enlèvements orchestrés sous la direction d'Ayaba Cho.
Meurtres et assassinats
Les ADF ont également été impliquées dans de nombreux meurtres dans les régions anglophones. En mai 2023, le Conseil de gouvernement d'Ambazonie (AGovC), l'aile politique des ADF, a reconnu sa responsabilité dans la mort du journaliste Anye Nde Nso à Bamenda. Capo Daniel l'a confirmé et le porte-parole de l'AGovC, Asu Lucas, a expliqué que le journaliste avait été pris entre deux feux entre les forces séparatistes et l'armée.
Le groupe a également ciblé des hommes d'affaires à Bamenda. Le 27 juin 2024, des hommes armés affiliés aux ADF ont abattu un homme d'affaires nommé Charles dans son magasin de City Chemist, à Bamenda. Plus choquante a été l'exécution publique de deux individus à Batibo le 4 octobre 2023. Accusés de trahison et de collaboration avec le gouvernement, les victimes, Mbanyamsi Hansel (également connu sous le nom de Heavy Son) et Mbah Calistus (populairement connu sous le nom d'Aboro), ont été exécutées. en plein jour.
Attaques contre les écoles
L’ADF a également ciblé les écoles, dans le but de perturber l’éducation dans les régions anglophones. Le 15 mai 2024, des combattants des ADF ont attaqué une école primaire publique du Haut Mbot, à Nkambe, brûlant du matériel pédagogique. Dans une vidéo devenue virale, on pouvait entendre une voix masculine dire : “Nous sommes des combattants ambazoniens sous Ayaba le grand.” Ayaba a publiquement défendu ces actions, affirmant que les boycotts et les confinements scolaires font partie de la lutte séparatiste pour la souveraineté.
Rien que cette année, l’ADF a lancé un confinement de deux semaines pour perturber la reprise scolaire dans les régions anglophones, aggravant encore la situation des élèves, des enseignants et des parents.
Extorsion : « l’impôt de libération »
Sous la direction d'Ayaba Cho, l'AGovC a mis en œuvre un système d'extorsion appelé « taxe de libération », appliqué par les ADF. Les civils et les propriétaires d’entreprises sont contraints, sous la menace des armes, de soutenir financièrement la cause séparatiste. Ceux qui refusent sont qualifiés de « jambes noires » et risquent d’être exécutés. Cette extorsion systématique a plongé de nombreuses communautés dans la peur, les habitants étant contraints d’obtempérer sous peine de mort.
Harcèlement des civils
Ayaba Cho a également été impliquée dans le harcèlement de civils au moyen d'ordres arbitraires. Il y a quelques mois, il a ordonné que tous les taxis de Bamenda changent de couleur du jaune au bleu. Cette décision impopulaire a donné lieu à une série d'attaques contre les chauffeurs de taxi et les passagers qui ne s'y conformaient pas. Au moins 10 taxis auraient été incendiés par des militants des ADF pour avoir défié l'ordre.
De plus, les forces d'Ayaba ont imposé une interdiction sur la distribution et la consommation de produits des Brasseries, une brasserie populaire, dans certaines parties de Bamenda. Si la vente de ces produits reste assez souple dans des zones comme Nkwen et Mendankwe, elle est strictement interdite à Mankon, fief des ADF. En mai 2024, un commandant nommé JC a promis d'intensifier la répression contre les ventes de bière à Nkwen, menaçant de violences de masse. « Qu'il pleuve, qu'il fasse beau, j'arrêterai la vente de bière des Brasseries à Nkwen. Nous prendrons des mesures qui dissuaderont les gens de boire des brasseries. Il ne s’agira pas seulement d’un ou deux décès. J’attaquerai n’importe lequel de ces bars, je tirerai des balles et je veillerai à ce qu’au moins 20 personnes soient tuées », il a prévenu dans une fuite audio.
Et ensuite ?
Même si les accusations exactes portées contre Ayaba Cho restent floues, son arrestation soulève la question de savoir s'il sera tenu pleinement responsable des atrocités commises sous sa direction dans les régions anglophones du Cameroun. En tant que l'un des plus ardents partisans de la violence armée, l'arrestation d'Ayaba pourrait marquer un tournant dans l'approche de la communauté internationale face au conflit en cours.
Mimi Mefo Info – Arrestation d’Ayaba Cho Lucas – Quels sont certains de ses crimes ?
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