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Port Autonome De Douala : l’internalisation du dragage, une stratégie de souveraineté

ange1poireau

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Port Autonome De Douala : l’internalisation du dragage, une stratégie de souveraineté
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Le dragage est une activité vitale pour les ports d’estuaire, où l’accumulation constante de sédiments menace de réduire la profondeur des chenaux et, par conséquent, la navigabilité et l’accessibilité des infrastructures portuaires. Pour le Port de Douala-Bonabéri, l’une des principales plateformes de commerce extérieur du Cameroun, cette problématique est d’autant plus cruciale. Ce port est une artère vitale pour l’économie nationale, facilitant l’importation et l’exportation de biens essentiels, et servant de point d’entrée stratégique pour les échanges avec d’autres pays de la sous-région. Historiquement, les opérations de dragage du Port de Douala-Bonabéri ont été externalisées, confiées à des entreprises privées, principalement des multinationales étrangères. Cette stratégie, bien que pratique sur le court terme, a généré des coûts exorbitants pour le Port Autonome de Douala (PAD), rendant la situation financière de l’institution de plus en plus difficile.

En effet, entre 2005 et 2020, le PAD a dépensé plus de 156 milliards de FCFA en contrats de dragage, une charge financière considérable qui a pesé lourdement sur les comptes de l’autorité portuaire. Selon un haut responsable de l’entreprise, «L’externalisation de l’activité du dragage au Port de Douala-Bonabéri, qui auparavant était gérée en régie par l’ex-Office nationale des ports du Cameroun, a entraîné, depuis plus de deux décennies, une croissance exponentielle et excessives des coûts du dragage, dont le poids, au fil des années, est devenu intenable pour l’équilibre financier du Port Autonome de Douala. Au total, sur les quinze dernières années avant la création de la Régie déléguée du Dragage du Port Autonome de Douala (RDD), le 2 janvier 2020, entité mise sur pied pour s’occuper uniquement du dragage au Port de Douala-Bonabéri, le PAD a dépensé plus de 156 milliards de FCFA, soit une moyenne de 10,5 milliards par an».

 Face à cette situation, le gouvernement camerounais a décidé de prendre des mesures pour internaliser cette activité stratégique. C’est dans ce contexte qu’est née la Régie Déléguée du Dragage (RDD) en janvier 2020, une entité créée spécifiquement pour gérer les opérations de dragage du port. Cette décision marque un tournant stratégique pour le pays, car elle permet non seulement de réduire significativement les coûts associés au dragage, mais aussi de renforcer la souveraineté nationale sur une activité essentielle pour l’économie camerounaise.

AVANTAGES

L’internalisation du dragage offre plusieurs avantages clés. D’abord, elle permet au Cameroun de mieux contrôler et planifier les opérations de dragage, avec une flexibilité accrue pour répondre aux urgences. Le port est désormais en mesure de programmer ses opérations en fonction des besoins réels, plutôt que de dépendre des calendriers imposés par des prestataires externes. Cette réactivité est essentielle pour maintenir la compétitivité du port, notamment dans un contexte où des retards ou des inefficacités pourraient entraîner la perte de parts de marché au profit d’autres ports de la région, comme celui de Kribi. De plus, l’internalisation permet un investissement ciblé dans des équipements adaptés aux spécificités du Port de Douala-Bonabéri. L’exemple de la drague Chantal Biya est emblématique. Après sa réhabilitation, cet outil est devenu un atout stratégique pour la régie du dragage, capable de répondre aux besoins spécifiques du port avec efficacité.

 En s’équipant de machines modernes et en formant du personnel local, la RDD contribue également à l’essor des compétences locales, créant ainsi des emplois qualifiés et renforçant le tissu économique local. D’un point de vue économique, les avantages de l’internalisation sont multiples. En réduisant la dépendance vis-à-vis des entreprises étrangères, le Cameroun économise des sommes considérables, qui peuvent être réinvesties dans d’autres secteurs stratégiques de l’économie. En outre, la maîtrise des opérations de dragage permet une meilleure allocation des ressources, ce qui est crucial dans un environnement économique où la concurrence régionale s’intensifie. Par exemple, le port de Kribi, plus moderne, représente un concurrent direct pour Douala-Bonabéri.

L’internalisation du dragage, en optimisant les coûts et les opérations, contribue à maintenir la compétitivité du port de Douala-Bonabéri face à ces nouveaux défis. Sur le plan stratégique, l’internalisation du dragage s’inscrit dans une volonté plus large de renforcer la souveraineté économique du Cameroun. En reprenant le contrôle direct de cette activité, le pays se dote des moyens nécessaires pour assurer la pérennité de ses infrastructures portuaires tout en limitant l’influence des intérêts étrangers. Cette démarche s’inscrit dans un contexte plus global où le Cameroun cherche à réduire sa dépendance envers les entreprises étrangères dans des secteurs stratégiques, tout en développant ses propres capacités techniques et industrielles.

EXPORTATION DES SERVICES DE DRAGAGE

L’internalisation du dragage s’accompagne également d’opportunités de coopération régionale. Avec des capacités renforcées, le Cameroun pourrait potentiellement offrir ses services de dragage à d’autres pays voisins, générant ainsi des revenus supplémentaires. De plus, cette initiative pourrait servir de modèle pour d’autres ports de la région, qui pourraient être confrontés à des défis similaires en matière de gestion des sédiments. En somme, l’internalisation du dragage au Port de Douala-Bonabéri est un pas décisif vers l’autonomisation et la résilience de l’économie camerounaise. Elle permet non seulement de préserver les intérêts économiques nationaux, mais aussi de renforcer les compétences locales et d’assurer la durabilité des infrastructures portuaires. Cette initiative, tout en réduisant les coûts et en améliorant l’efficacité des opérations, contribue à sécuriser un levier stratégique majeur pour l’avenir économique du Cameroun. Le pays, en reprenant en main cette activité cruciale, s’affirme comme un acteur de plus en plus autonome et résilient sur la scène régionale et internationale.

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L’Etat veut économiser 5 milliards de FCFA chaque année en réduisant sa consommation d’électricité

ange1poireau

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L’Etat veut économiser 5 milliards de FCFA chaque année en réduisant sa consommation d’électricité
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C ’est en 2019 que le gouvernement s’est résolument engagé dans une politique ambitieuse d’efficacité énergétique. Après plusieurs études et programmes initiés par le ministère de l’Eau et de l’Énergie (Minee), souvent sans résultats concrets, une collaboration stratégique a été nouée avec l’Organisation Internationale de la Francophonie. L’objectif principal de ce partenariat est de permettre à l’État de s’assurer qu’il paie le juste prix de sa consommation électrique dans les bâtiments publics à court terme et pour l’éclairage public à moyen terme.

Dans ce cadre, des équipements comme des serveurs, des postes clients (ordinateurs) et le logiciel Vsoft — conçu pour la vérification, l’optimisation et la facturation — ont été acquis dès 2023. Ce dispositif technologique a permis, l’année suivante, d’initier un contrôle approfondi et une optimisation des factures d’électricité du secteur public.

UNE SURCONSOMMATION DÉMESURÉE RÉVÉLÉE

Dans le détail, un audit exhaustif mené sur 267 abonnés en moyenne tension (MT) sur les 428 identifiés au 31 décembre 2023 a révélé une surévaluation des puissances souscrites par l’administration publique. Alors que les besoins réels en électricité ne dépassaient pas 17 MW, l’État avait contracté des abonnements totalisant 56 MW, soit plus de trois fois la consommation nécessaire.

Pour remédier à ce gaspillage énergétique et financier, Gaston Eloundou Essomba, ministre de l’Eau et de l’Énergie, a instruit Eneo, l’opérateur chargé de la distribution d’électricité, de ramener ces puissances souscrites à un niveau correspondant aux besoins réels. Cette mesure a permis à l’Etat « d’économiser 624,7 millions de FCFA sur sa facture d’électricité entre décembre 2023 et février 2024 », a révélé le membre du gouvernement devant les députés en décembre dernier.

DES ÉCONOMIES PROMISES À CROÎTRE

Selon les projections du gouvernement, ces économies devaient atteindre 2,4 milliards de FCFA à la fin de l’année 2024. « L’État avait souscrit à des abonnements d’électricité largement supérieurs à ses besoins réels. Par exemple, il payait pour une puissance totale de 56 MW, alors qu’il n’en utilisait que 17 MW. Cette situation équivalait à gaspiller de l’argent public. Grâce aux ajustements opérés par Eneo en 2024, l’État ne paie désormais que pour ce qu’il consomme réellement, soit 17 MW », explique une source proche du dossier.

En généralisant cette politique à l’ensemble du territoire, le gouvernement espère réduire ses coûts énergétiques de 10 % à 20 % par an, soit des économies annuelles estimées entre 3 et 5 milliards de FCFA. Gaston Eloundou Essomba conditionne cependant l’atteinte de ces objectifs à la mise en œuvre rigoureuse de plusieurs actions dès 2025. Il s’agit notamment d’optimiser les postes Moyenne tension (MT) clients état par l’installation de batteries de condensateurs ; d’assainir le fichier des abonnés MT et basse tension (BT) par une collecte de données techniques contradictoires et opposables à Eneo ; d’analyser les factures BT pour l’ensemble des 16 846 abonnés de l’état ; de vérifier la cohérence des index de facturation et des calculs à l’aide du logiciel Vsoft ; de déployer des mécanismes d’optimisation de l’éclairage public.

UNE DETTE QUI PÈSE SUR LES RELATIONS ENTRE L’ÉTAT ET ENEO

Ces initiatives, si elles sont bien appliquées, pourraient mettre fin aux tensions récurrentes sur la dette entre l’État et Eneo. Actuellement, selon les estimations officielles, l’État doit à Eneo environ 120 milliards de FCFA, tandis que la dette totale de l’entreprise envers ses créanciers atteint 489 milliards de FCFA. De son côté, Eneo réclame à l’État des arriérés évalués à 266 milliards de FCFA depuis 2022, dont 60 milliards au titre de l’éclairage public. Cependant, ces montants restent sujets à controverse. Eneo affirme que le différend sur l’éclairage public découle d’un manque de moyens de comptage fiables, une raison avancée par l’État pour contester certaines factures.

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Eneo : le management va injecter 240 millions dans la mutuelle des employés en 2025

ange1poireau

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Eneo : le management va injecter 240 millions dans la mutuelle des employés en 2025
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La contribution du patronat  va  passer de 60 à 80 millions par mois dès cette année  pour faire face à des défaillances du GIC P Eneo qui constitue l’actionnariat du personnel au sein de l’entreprise.

 Le management d’Eneo Cameroun a décidé  de renforcer son soutien à la Mutuelle de Retraite Complémentaire des Agents Eneo et Démembrements (MURCAS).  Le Directeur Général de l’entreprise a annoncé une hausse dès cette année des injections mensuelles du patronat. «   La contribution patronale d’ENEO dans la MURCAS connaitra une augmentation de 20 millions de francs CFA par mois à partir de l’année 2025 », a déclaré Amine Homman Ludiye adressant les vœux de nouvel an à son personnel.

 Cette décision  intervient dans un climat morose qui règne au sein des salariés de l’entreprise mais aussi des retraités.Tous se plaignent en réalité de n’avoir pas reçu dedividendes  de  GIC-P-ENEO qui porte 5%  des parts  détenues par le personnel dans le capital de l’entreprise. Ce, alors qu’il leur avait été promis une rentabilité  correspondant  pratiquement au double de la valeur injectée par chacun. Mais depuis, aucun radis n’a été perçu.  On assiste surtout à une grogne des retraités qui voulant quitter le GIC  n’ont perçu aucun droit.   Pour rentabiliser  donc les  investissements du personnel dans le capital social d’Eneo, la mutuelle qui réunit plus de 3000 agents Eneo et des salariés d’autres acteurs du secteur de l’électricité, a décidé d’injecter des fonds dans le  GIC-P-ENEO. Ceci en reprenant notamment les parts de certains agents plus particulièrement des retraités  pour  ainsi les désintéresser. « Grâce aux analyses approfondies et options présentées par la Direction Générale, le GIC-P et ses instances de gouvernance sont en bonne négociation avec la MURCAS. L’objectif étant d’injecter des liquidités dans le GIC-P-ENEO pour lui permettre d’engager la sortie des non-actifs, d’une part, et d’autre part mettre en place un dispositif permettant la gestion des actionnaires actifs », explique Amine Homman Ludiye.           

En augmentant la part du patronat dans la mutuelle, l’administration d’Eneo va surtout donner un coup de pouce aux retraités. La mutuelle a en effet pour objectif premier de préparer la retraite des employés. Avec 20 millions supplémentaires par mois, la contribution du patronat va ainsi passer de 60 à 80 millions de FCFA.  Soit 240 millions de plus en 2025.  

 Mais il faut dire que la question de la gestion de l’actionnariat salarié d’Eneo reste préoccupante. Le collectif des organisations syndicales présentes au sein de l’entreprise se montrent très inquiet depuis l’annonce des négociations avec l’Etat pour le rachat des parts  du fonds britannique actis, actionnaire majoritaire. Une autre étape historique qui vient se greffer au passé douloureux de GIC-P-ENEO.  En effet, cette prise de participation du personnel dans le capital de la société, quoi que prévue dans le contrat de concession du service public de l’électricité au Cameroun de 2001, n’avait jamais été rétrocédée au personnel par AES, ancien concessionnaire. Ce  n’est qu’en 2017, à l’arrivée d’Actis que les salariés ont pris contrôle  de 5% du capital de l’entreprise.

D’autres défis actuels qui interpellent le management de l’entreprise sur la gestion des ressources humaines en 2025 sont entre autres,la poursuite de l’implémentation de la nouvelle convention collective de 2022 et  l’optimisation de l’assurance maladie.

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Le Cameroun ouvre la voie aux importations massives de voitures électriques

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Le Cameroun ouvre la voie aux importations massives de voitures électriques
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Dans le cadre de la loi de finances 2025, entrée en vigueur le 1ᵉʳ janvier dernier, les importations de véhicules électriques bénéficient désormais d’un cadre fiscal favorable. Ces véhicules sont exemptés du droit d’accises, auparavant fixé à 12,5 % à l’importation. Par ailleurs, un abattement de 50 % sur la valeur imposable est appliqué, pendant une période de deux ans, sur les véhicules neufs à moteur électrique ainsi que sur leurs batteries et bornes de recharge. L’objectif est d’encourager l’adoption de moyens de transport plus respectueux de l’environnement, conformément aux ambitions gouvernementales de réduction des émissions polluantes.

Une mobilisation du secteur privé

Le projet de vulgarisation des véhicules électriques au Cameroun s’appuie en grande partie sur des acteurs privés, regroupés notamment au sein de l’Association pour la promotion de la mobilité électrique du Cameroun (Apeme-Cam). Fondée en 2023, cette organisation est dirigée par le président-directeur général de 3S Motors, en partenariat avec Patrocle Petridis, directeur général de Total Energies Marketing Cameroun, qui en assure la vice-présidence. Selon les prévisions de l’Apeme-Cam, les routes camerounaises devraient accueillir dès 2025 une flotte diversifiée de véhicules électriques, incluant des modèles à quatre, trois et deux roues.

L’entrée en scène des acteurs internationaux

Ce nouvel environnement favorable aux importations massives de véhicules électriques attire également l’attention des entreprises internationales, notamment chinoises, déjà bien implantées sur le marché des véhicules thermiques. Parmi elles, Songuo Motors, un géant de l’électrique, se positionne comme un acteur clé de cette transition.

Lors d’une visite officielle au Cameroun le 1ᵉʳ novembre dernier, des représentants de Songuo Motors ont rencontré le Premier ministre et le ministre des Transports pour finaliser les détails d’un projet ambitieux dont le but est d’introduire des taxis et minibus électriques dans les grandes agglomérations camerounaises. Avec un capital social de 500 millions de RMB (environ 42,6 milliards de FCFA), l’entreprise promet de révolutionner le transport urbain grâce à des véhicules à l’autonomie étendue et au coût d’exploitation réduit.

Ce projet, dont les investissements sont estimés à plusieurs dizaines de millions de dollars, devrait générer des milliers d’emplois directs et indirects. Après une phase pilote réussie en 2023, Songuo Motors entend faire du Cameroun sa première base dans la zone Cemac, renforçant ainsi sa présence sur le continent après son implantation en Afrique du Sud en 2019.

Une transition encore semée d’embûches

Malgré cet enthousiasme, le secteur camerounais des transports demeure dominé par les véhicules thermiques. En 2023, les importations de voitures neuves se sont chiffrées à 3 753 unités, contre près de 30 000 véhicules d’occasion, majoritairement des modèles anciens et très gourmands en carburant.

En outre, les défis pour intégrer durablement les véhicules électriques dans le paysage local sont nombreux. Ils incluent l’absence de tests et d’homologations pour ces véhicules, le manque d’infrastructures de recharge adaptées, ou encore la formation insuffisante des professionnels sur les spécificités techniques des batteries et bornes de recharge. Par ailleurs, la disponibilité en énergie électrique reste un enjeu majeur.

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