Le jeune tiktokeur de 23 ans enlevé à Douala la semaine dernière et transféré à Yaoundé se trouve hier dans une cellule du parquet du tribunal militaire de Yaoundé. Rendu à ses côtés ce jour, maître Hypolite Meli fait le compte rendu sur sa page Facebook. « Je suis au Tribunal Militaire de Yaoundé avec le Cabinet Muna, Mes Kengne Fabien et Chendjou Serge Emmanuel aux côtés du jeune Junior Ngombe, « ramassé » à Douala puis déporté à Yaoundé sans procédure légale. Auditionné hier au SCRJ/SED, il a été déféré au Parquet de Monsieur le Commissaire du Gouvernement en journée » écrit l'avocat.
« J'ai rencontré le Substitut du Commissaire du Gouvernement, le Capitaine Zé Akono qui est en charge du traitement du dossier et il m'a permis d'échanger avec notre nouveau client dans la cellule de sûreté du Tribunal. Il a un état fébrile et n'a toujours pas reçu la visite d'un médecin, ni pris un médicament.
Le formulaire du consentement du HCDH des Nations Unies que nous lui avons porté a été rempli et signé par lui pour un bon usage. Nous avons tenu à lui rappeler que le Collectif Sylvain Souop s'est constitué pro bono et n'entendra pas se mêler aux collections des fonds pour son soutien qui se multiplie au fil des jours depuis qu'il est entre les mains des autorités de la République privée de sa liberté. Aucun mandat n'est encore signé pour l'instant », conclut Maître Hippolyte Méli.
Le jeune coiffeur de profession a été renvoyé au Secrétariat d'État à la Défense pour complément d'enquête. Il sera déféré de nouveau au tribunal militaire.
Selon ses avocats, l'arrestation de Junior Ngombe est » lié à plusieurs vidéos sur TikTok dans lesquelles Junior Ngombe a encouragé la population à s'inscrire sur les listes électorales pour voter à l'élection présidentielle de 2025, a plaidé en faveur d'un changement de régime démocratique et a contesté l'intolérance des autorités à l'égard des critiques”.
Depuis son arrestation, plusieurs personnalités ont réclamé sa libération. Pour l'ONG Human Right Watch, « Junior Ngombe devrait être libéré, les accusations portées contre lui devraient être abandonnées, les droits à la liberté d'expression et d'opinion devraient être respectés ».
HRW alerte fin juillet sur « une série de décisions gouvernementales préoccupantes » et «manifestement destiné à museler l'opposition et la dissidence» à l'approche de la présidentielle de 2025 au Cameroun. Comme, notamment, la publication mi-juillet d'un arrêté préfectoral du département du Mfoundi, où se trouve la capitale Yaoundé, menaçant « d'une interdiction de séjour dans le département (…) toute personne qui outrage dangereusement les institutions ou celui qui les gagne. »
Joseph Essama
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