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Violences post électorales : dégâts et moyens d’indemnisation des entreprises pillées

Alors que plusieurs enseignes commerciales ont été vandalisées dans le cadre des manifestations de ces derniers jours, des interrogations sur la couverture de ces sinistres par les compagnies d’assurance s’imposent.
Douala, 31 octobre 2025, les rues où grouillent d’habitude du monde sont presque vides, sous un silence pesant. Dans le troisième arrondissement de la ville, épicentre des manifestations populaires qui ont eu lieu ces derniers jours, les activités économiques reprennent timidement. Quelques commerces fonctionnent à guichet fermé au milieu des traces de chaos laissées partout. Des vitrines de plusieurs magasins brisées, des comptoirs et poubelles renversées… « Nous avons ouvert ce matin pour essayer d’évacuer les œufs ci par ce qu’on ne sait pas ce qui va arriver les prochains jours. Ça ne sera plus mangeable si la boutique reste longtemps fermée, on va tout perdre », renseigne Patrick Ngan, tenancier d’une supérette en nouant le fil autour d’un alvéole d’œufs.
A Yassa, à l’entrée est de la ville, des hommes physiquement bien bâtis sont assis sur la piste d’une station-service pourtant fermée. Ils se tiennent prêts à repousser une éventuelle menace. C’est l’une des rares stations ayant résisté aux émeutes. Tradex, Bocom, Nepturne oil, ont été prises pour cibles. Sur chaque kilomètre, au moins une station-service a été vandalisée et présente désormais un visage grisé. Les infrastructures ont pris la coloration des fumées sous l’effet des incendies. Pompes à terre, véhicules calcinées, boutique pillée, les dégâts sont visibles. Si le montant des préjudices n’a pas encore été officiellement avancé, le groupement des professionnels du pétrole estime que chaque station-service détruite entraîne la perte de 20 emplois directs.
Des pertes matérielles aussi considérables ont été enregistrées par diverses entreprises dont des établissements financiers, des grandes surfaces, des boulangeries et même des sociétés de télécommunications. Congelcam, principal importateur de poissons, a vu l’une de ses agences pillée par les assaillants. Certains employés avancent que plusieurs centaines de cartons de poisson ont été dérobés, en plus des quantités qui gisaient dans les congélateurs. Le matériel de conservation des produits a lui aussi été vandalisé.
Quels recours pour les dommages subis ? La question se pose au regard d’importants dégâts matériels et humains occasionnés par ces mouvements nés de la contestation des résultats de l’élection présidentielle. Les avis des experts convergent. Difficile d’obtenir réparation d’un tel préjudice auprès des compagnies d’assurance. Ces entreprises peuvent cependant engager la responsabilité de l’Etat, nous confie un dirigeant d’assurance. Dans ce cas de figure, il faudra saisir la justice administrative pour obtenir cette responsabilité de l’Etat, garant de la sécurité publique.
Interview
Ijeoma Vanessa MBOULE, cadre d’assurance
« Il faut créer un fonds national de garantie des risques exceptionnels »
L’expert nous éclaire sur les dispositions légales en matière de dommages occasionnés par des émeutes et nous livre une analyse sur l’état de l’assurance au Cameroun et ses perspectives.
Plusieurs entreprises et même des édifices publics ont vu leurs enseignes vandalisées ces derniers jours dans le cadre des manifestations populaires. Ce type de risque est-il couvert par les compagnies d’assurance ?
En principe, non. L’article 38 du Code CIMA Edition 2019 stipule que ‘’L’assureur ne répond pas, sauf convention contraire, des pertes et dommages occasionnés, soit par la guerre étrangère, soit par la guerre civile, soit par des émeutes ou par des mouvements populaires. Lorsque ces risques ne sont pas couverts par le contrat, l’assuré doit prouver que le sinistre résulte d’un fait autre que le fait de guerre étrangère ; il appartient à l’assureur de prouver que le sinistre résulte de la guerre civile, d’émeutes ou de mouvements populaires’’ En effet, le code CIMA ne traite pas directement des risques politiques en tant que tels, mais il encadre les assurances en tenant compte de leur aggravation et de certaines exclusions spécifiques. Il impose notamment une déclaration de toute circonstance nouvelle qui aggrave le risque (article 15) et exclut les dommages causés par la guerre, les émeutes ou les mouvements populaires, sauf convention contraire. L’assureur n’indemnise que les dommages résultant d’un risque expressément garanti par le contrat. Les émeutes, mouvements populaires, grèves ou actes de vandalisme sont en général exclus des garanties standards, que ce soit dans les polices incendie, multirisque professionnelle ou automobile.
Toutefois, certaines entreprises prévoyantes peuvent souscrire une extension de garantie “Émeutes et mouvements populaires”. Cette clause complémentaire permet de couvrir les pertes matérielles causées par des troubles civils ou des actes de vandalisme, à condition qu’elle figure clairement dans la police d’assurance.
En cas de couverture, quelles procédures pour obtenir une indemnisation et comment analysez-vous la situation actuelle de nos entreprises et administrations en matière d’assurance ?
Lorsqu’un sinistre survient, l’assuré doit respecter la procédure légale prévue par son contrat. Le code CIMA stipule que l’assuré a une obligation légale de déclarer tout sinistre à son assureur rapidement et avec exactitude, conformément aux clauses du contrat. Cette déclaration doit être accompagnée de preuves matérielles : photographies, procès-verbaux de police, devis ou factures de réparation, etc. Cependant, si la garantie “émeutes” n’a pas été souscrite, l’assureur n’a aucune obligation d’indemniser, même si le dommage est réel.
Cette situation met en évidence un déficit de sensibilisation et de prévention dans la culture assurantielle nationale. Beaucoup d’entreprises se limitent à des garanties minimales, sans anticiper les risques politiques, sociaux ou climatiques auxquels elles sont exposées.
Les administrations publiques, quant à elles, sont encore très peu engagées dans une véritable politique de gestion préventive des risques.
Comment peut-on prévenir ce type de situation, tant pour les entreprises privées que pour les administrations publiques ?
A mon avis, je pense que la prévention repose sur trois piliers essentiels :
L’évaluation proactive des risques : chaque entreprise ou institution devrait réaliser un audit annuel de ses risques pour identifier les menaces liées à son environnement. L’adaptation des contrats d’assurance : il est crucial d’ajuster les polices en y intégrant des extensions spécifiques (émeutes, actes de vandalisme, pertes d’exploitation, catastrophes naturelles, etc.). Le partenariat public-privé : il serait pertinent de créer un fonds national de garantie des risques exceptionnels, à l’image de certains pays de la zone CIMA, afin d’offrir une protection globale aux infrastructures publiques et privées lors de crises majeures.
En définitive, ces récents événements rappellent que l’assurance n’est pas une simple formalité administrative, mais un levier stratégique de résilience et de continuité économique. Il est à noter que la note circulaire de la FANAF du 10 octobre 2025 vient rappeler de manière claire la volonté de renforcer la cohérence et la crédibilité du marché africain de l’assurance face aux risques politiques et connexes. En rendant obligatoire l’application des nouvelles clauses PVT FANAF2025, applicables à compter du 1er janvier 2026, la Fédération marque un tournant stratégique dans la gestion des risques politiques, des actes de terrorisme et de sabotage.
Cette directive s’inscrit dans une logique d’harmonisation régionale et de protection renforcée des assurés et réassureurs. Elle appelle les compagnies, courtiers et souscripteurs à faire preuve de rigueur contractuelle et d’anticipation, afin d’éviter toute confusion et de garantir une meilleure couverture face aux risques émergents.
En somme, cette initiative de la FANAF traduit une maturation du marché africain des assurances, où la gouvernance, la conformité et la prévention deviennent des leviers essentiels de résilience économique et sociale.
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Incitations à l’investissement : une facilité de plus en faveur des entreprises publiques, après les subventions de l’Etat

C ’est donc un autre coup de pouce apporté par l’Etat aux entreprises publiques. Elles peuvent désormais, dans le cadre de l’ordonnance du 18 juillet 2025 fixant les incitations à l’investissement au Cameroun, bénéficier des avantages prévus dans cet autre ordonnance. Il reste à espérer que cette autre facilité puisse renforcer la compétitivité de ces entreprises publiques. Car, c’est l’une des exigences souhaitée par le Fonds monétaire international (FMI) pour bénéficier de la subvention de l’Etat.
Les entreprises publiques que le FMI considère comme des gouffres à sous, dans la mesure où elles reçoivent régulièrement d’importantes subventions et de la trésorerie de l’État, sans obligation de résultat. Cette institution de Bretton Woods a plaidé en faveur de la signature par ces entreprises publiques d’un contrat de performance avec l’Etat pour bénéficier de sa subvention. Cette dernière étant en réalité une mesure visant à améliorer la rentabilité des sociétés d’État en les liant à des obligations de service public et à des indicateurs de performance clairs.
Pour le FMI, la signature des contrats de performance avec les sociétés d’État, vise à garantir que les subventions soient liées à des résultats concrets. Ces contrats de performance devraient donc spécifier les obligations de service public, les coûts unitaires pour les subventions et des indicateurs de production et de qualité.
PRIORITÉ AUX ENTREPRISES PRIVÉES
Sous la pression du FMI, le gouvernement en 2025 a donc opté revoir à la hausse sa subvention au bénéfice des entreprises privées. Dans la loi des finances 2025, une allocation d’un peu plus de 14 milliards de FCFA est prévue pour la subvention aux entreprises et autres entités. Sur cette enveloppe prévisionnelle en hausse d’un milliard de FCFA par rapport à l’exercice budgétaire 2024, le gouvernement se propose de faire la part belle aux entreprises privées.
Ainsi, il est prévu une allocation de 7,6 milliards de FCFA de subventions aux entreprises privées tout au long de l’exercice budgétaire 2025. Cette enveloppe est en augmentation de 68,8% par rapport aux 4,5 milliards de FCFA prévus sur cette ligne dans le budget de l’État de l’exercice 2024. En revanche, le gouvernement a réduit substantiellement la subvention destinée aux sociétés d’État.
Sur cette ligne, il est prévu une allocation de seulement 1,5 milliard de FCFA au cours de l’année 2025, révélant une baisse de 153% par rapport aux 3,8 milliards de FCFA de l’année 2024. Cette baisse de l’enveloppe de la subvention destinée aux entreprises publiques, au profit des entreprises privées, survient dans un contexte où, pressé par le FMI, le Cameroun s’emploie à doper la rentabilité des entreprises de son portefeuille à travers des contrats de performance.
Par Blaise NNANG
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Énergie : Nachtigal, la centrale qui alimente le Cameroun et aggrave son endettement

Le barrage de Nachtigal, érigé sur le fleuve Sanaga, devait être le fleuron du mix énergétique camerounais. Avec ses 420 mégawatts de puissance installée, il représente près de 30 % de la capacité électrique nationale. Pourtant, depuis sa mise en service intégrale le 18 mars 2025, le projet pèse davantage sur le budget de l’État qu’il ne renforce l’accès à l’électricité. En vertu du contrat d’achat d’électricité signé en 2018 entre Éneo, concessionnaire de la distribution, et Nachtigal Hydro Power Company (NHPC) — consortium réunissant EDF, la Société financière internationale (SFI) et l’État camerounais —, Éneo doit verser 10 milliards de FCFA par mois, que l’énergie soit consommée ou non.
Ce mécanisme dit take-or-pay impose de rémunérer la production disponible, même si le réseau ne parvient pas à l’absorber. Sur le terrain, une seule ligne de transport de 225 kV relie actuellement Nachtigal à Yaoundé, alors que la liaison vers Douala, cœur industriel du pays, reste inachevée. Conséquence : une part importante de l’électricité produite n’est pas distribuée, mais entièrement facturée, conformément au contrat. Dans son rapport de juin 2025, le Fonds monétaire international (FMI) s’inquiète ouvertement des effets de ce dispositif sur les finances publiques, estimant que « les charges liées au fonctionnement de la centrale de Nachtigal devraient exercer de nouvelles pressions sur le budget ». Car en cas de défaillance d’Éneo, l’État s’est engagé à prendre le relais. Cette clause est déjà activée.
Selon des sources proches du dossier, le ministre des Finances Louis-Paul Motaze a sollicité, dès le début de 2025, un prêt de 80 milliards de FCFA auprès de Société Générale Cameroun (SGC) pour apurer les arriérés d’Éneo envers NHPC, estimés à 15 milliards de FCFA. Cette facilité ayant expiré, un nouveau financement de 100 milliards de FCFA a été monté auprès d’un pool de banques locales, toujours sous l’arrangement de Société Générale Capital Securities Central Africa. Ces opérations, bien que nécessaires pour éviter un défaut de paiement, transfèrent le poids de la dette vers le Trésor public. D’après des données publiées par le ministère de l’Eau et de l’Energie, Eneo est en proie à une dette globale estimée à 800 milliards de FCFA fin 2024. L’entreprise ne règle plus qu’une partie de ses factures mensuelles.
D’après des documents internes cités par Investir au Cameroun, les paiements effectués « couvrent moins de 50 % des montants dus à NHPC ». Le ministère de l’Eau et de l’Énergie (Minee) classe même Éneo parmi les risques budgétaires majeurs pour l’État, soulignant qu’elle « pourrait provoquer un écart entre les prévisions et l’exécution budgétaire ».
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La « recette » Biya pour sortir les jeunes camerounais de la précarité

Le 6 octobre 2025, lors de sa cérémonie d’investiture consécutive à sa victoire à l’élection présidentielle du 12 octobre 2025, Paul Biya a placé la lutte contre le chômage des jeunes au cœur de son huitième mandat. Devant les institutions nationales et un large public international, le chef de l’État a livré ce qu’il présente comme un plan d’action immédiat pour tenter d’inverser une situation devenue un marqueur de fragilité économique. « J’envisage de mettre en œuvre, dès les premiers mois de ce septennat, un plan spécial de promotion de l’emploi des jeunes », a-t-il déclaré.
Premier axe : attirer l’investissement privé en créant des incitations administratives et fiscales, à condition que les entreprises recrutent. L’exécutif mise sur cette logique contractuelle pour stimuler l’embauche. Paul Biya l’a martelé dans son allocution du 6 octobre : « La mise en place de facilités administratives et fiscales pour les entreprises privées (…) avec en contrepartie l’obligation pour celles-ci de recruter les jeunes ». Une annonce qui vise autant la confiance des acteurs locaux que l’attention des investisseurs internationaux.
Deuxième priorité : accompagner l’auto-emploi en sécurisant davantage le financement des initiatives entrepreneuriales. Le président a indiqué que ce soutien s’organisera « en liaison avec les banques locales et les bailleurs de fonds internationaux ».
Troisième pilier : orienter les efforts vers les secteurs capables d’absorber rapidement de la main-d’œuvre. Paul Biya a explicitement cité « le numérique, les mines, l’agriculture et les services », des domaines identifiés depuis plusieurs années par les institutions régionales et internationales comme les plus susceptibles de créer des opportunités à grande échelle.
Enfin, le chef de l’État promet un levier budgétaire immédiat dès l’exercice 2026 : allouer une part du budget d’investissement à des chantiers « à haute intensité de main-d’œuvre, au profit des jeunes sur toute l’étendue du territoire ». Il insiste sur une coordination avec les collectivités locales et les associations.
Au-delà de ce plan, Paul Biya a élargi son propos à d’autres chantiers du septennat. Il a promis une accélération des projets structurants dans « l’énergie, l’hydraulique, les infrastructures routières et la santé publique » ainsi qu’un durcissement de la lutte contre la corruption. Le président a aussi mis en avant la nécessité de réformes institutionnelles à soumettre au Parlement pour « un fonctionnement plus efficient de l’État ».
Sur le terrain social, le chef de l’État souhaite renforcer la protection des jeunes et des femmes, particulièrement dans les espaces éducatifs et professionnels. Deux décisions ont été annoncées comme des réponses directes aux préoccupations exprimées par la jeunesse : « J’ai… ordonné la reprise des études doctorales dans les universités » et « J’ai également décidé de la relance des concours d’entrée dans les Écoles Normales Supérieures ».
L’ensemble compose un agenda ambitieux, présenté comme une réponse directe à la crise de l’emploi qui mine la stabilité économique du Cameroun. Reste désormais à savoir si cette stratégie, pensée pour séduire autant l’opinion nationale que les partenaires internationaux, pourra être traduite en résultats tangibles. Le chef de l’État assure en tout cas compter sur « le courage, l’ingéniosité et l’inventivité » d’une jeunesse à laquelle il dit vouloir redonner une place centrale dans la dynamique économique du pays.
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