L’affaire du concours de 2022 pour le recrutement des agents d’encadrement supérieur de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) continue de faire des vagues. Depuis l’arrivée d’Yvon Sana Bangui à la tête de l’institution, un audit de ce concours a été lancé, conformément à l’une de ses premières décisions. Pour mener à bien cette mission, la BEAC a fait appel à la branche française du cabinet RSM.
Cependant, ce choix suscite de vives contestations. Plusieurs experts africains dénoncent la désignation d’un cabinet « déconnecté des réalités locales » et remettent en question sa capacité à cerner les spécificités du contexte régional.
Un concours entaché de soupçons de favoritisme
Le cœur du scandale repose sur les résultats du concours de mai 2022. Parmi les 30 candidats déclarés admissibles par l’ancien gouverneur Abbas Tolli et son directeur des ressources humaines, près de la moitié seraient issus de sa propre famille, un fait qui alimente les accusations de népotisme.
Dans une note datée du 31 mai 2022, adressée à sa hiérarchie, Bienvenu Marius Roosevelt Feimonazoui, alors Directeur général du contrôle général de la BEAC, avait recommandé l’annulation pure et simple du processus. Il évoquait des « incidents majeurs » survenus lors des épreuves écrites, compromettant l’équité du concours et violant les règles officielles qui devaient en garantir la transparence.
Des irrégularités flagrantes dès le jour de l’examen
Le déroulement du concours lui-même a été marqué par des anomalies significatives. Le 28 mai 2022, le lancement des épreuves avait accusé un retard considérable, perturbant l’organisation dans plusieurs centres. Certaines épreuves ont même dû être reportées à la dernière minute.
Les candidats anglophones, en particulier, ont été désavantagés, terminant leurs épreuves tard dans la nuit, alors que dans d’autres centres de la zone CEMAC, les examens avaient commencé et fini bien plus tôt. Ces disparités ont renforcé le climat de suspicion autour du concours.
Un audit sous haute tension
L’audit confié à RSM devra faire la lumière sur ces irrégularités et déterminer s’il y a eu des violations des procédures officielles. Cependant, la pression est forte : entre la contestation de la compétence du cabinet choisi et la gravité des accusations, le dossier s’annonce explosif.
La BEAC, qui tente de restaurer sa crédibilité, joue ici une partie délicate. L’institution devra non seulement répondre aux critiques internes, mais aussi convaincre l’opinion publique et ses partenaires régionaux de sa volonté de transparence et de rigueur.