Le compartiment «Actions» a été marqué par une seule introduction en Bourse, celle de la Société Commerciale Gabonaise de Réassurance (SCG-Ré) en janvier 2023, avec une capitalisation boursière initiale de 25 milliards de FCFA, dont 5 milliards de flottant. Cependant, la radiation de la société SIAT Gabon en février a entraîné une baisse de 32 % de la capitalisation boursière globale, qui est passée de 653 milliards à 445 milliards de FCFA. Cette diminution, conjuguée à une évolution modérée des autres titres, a contribué à une baisse de la capitalisation globale de 25,54 %, atteignant 461 milliards de FCFA en fin d’année contre 619 milliards en 2022.
Sur le plan des transactions, le marché actions a montré un dynamisme accru avec un volume échangé de 28 527 actions, soit une augmentation de 91 % par rapport à 2022. La valeur des transactions a également suivi une forte tendance haussière, atteignant 4 milliards de FCFA, soit une hausse de 168 %. L’action de la Banque Nationale de Guinée Équatoriale (BANGE) a dominé les échanges, représentant à elle seule 60 % du volume total et 89 % de la valeur des transactions, pour un montant total de 3,52 milliards de FCFA.
La Socapalm et la Régionale ont également montré des performances remarquables avec des valeurs échangées en hausse de 139 % et 54 % respectivement. Le compartiment obligataire a également connu une année dynamique avec l’admission de sept nouvelles lignes pour un encours total de 562 milliards de FCFA, en progression de 61 % par rapport aux 350 milliards de 2022. Ces nouvelles émissions incluent des obligations souveraines émanant des États du Gabon, du Tchad et du Cameroun, démontrant un regain d’intérêt pour le financement par la dette.
PERSPECTIVES ET DÉFIS DE LA BVMAC POUR L’AVENIR
En janvier 2024, Louis Banga Ntolo, directeur général de la Bvmac indiquait que l’institution qu’il dirige, compte désormais six sociétés cotées sur le compartiment «Actions» de la Bvmac, avec une capitalisation boursière atteignant 460 milliards de FCFA, soit une progression notable par rapport aux moins de 150 milliards au moment de la fusion des deux bourses. Cependant, malgré cette croissance, ce dernier déplorait le fait que le marché peine à attirer les personnes physiques. Sur une population de plus de 60 millions d’habitants, seuls 8 512 possèdent un compte-titre, a-t-il souligné à l’époque.
C’est la raison pour laquelle bien que des progrès aient été réalisés, Louis Banga Ntolo a reconnu que des efforts supplémentaires sont nécessaires pour dynamiser le marché et attirer une gamme diversifiée d’investisseurs. Ce spécialiste du marché financier sous-régional a déjà élaboré un « plan Marshall » visant à faciliter l’accès aux actifs financiers, en s’appuyant notamment sur les services de mobile money, très prisés en Afrique centrale. MOBILE MONEY : UNE SOLUTION POUR
DIVERSIFIER LA BASE D’INVESTISSEURS
Dans cette optique, Louis Banga Ntolo envisage de positionner le wallet, ou portefeuille électronique, comme un moyen de paiement des actifs financiers cotés. «Cela permettra de rendre accessibles les actifs financiers en Bourse à une large gamme de population, y compris ceux ne disposant que des wallets comme mode de paiement. Nous souhaitons profiter du taux de pénétration du mobile, qui est très élevé» a-t-il déclaré.
En facilitant l’utilisation des comptes mobile money pour l’achat de valeurs mobilières, Banga Ntolo espère multiplier le nombre d’investisseurs par 1 000. La monnaie électronique bénéficie par ailleurs d’un encadrement juridique de la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC), offrant ainsi une sécurité et une transparence accrues pour les utilisateurs.
FRACTIONNEMENT DES TITRES : VERS UNE ACCESSIBILITÉ ACCRUE
Outre l’intégration du mobile money, le directeur général propose une autre réforme majeure pour encourager l’achat d’actions cotées à la Bvmac : le fractionnement des titres. Cette approche consiste à diviser la valeur des titres pour réduire le coût unitaire et permettre ainsi à un plus grand nombre de personnes d’accéder aux actifs de grandes entreprises à un prix d’entrée faible.
En janvier, Louis Banga Ntolo révélait que les actions cotées à la BVMAC oscillent actuellement entre 20 000 et 200 000 FCFA, des niveaux qui demeurent inaccessibles pour une large majorité d’investisseurs potentiels. Pour la mise en œuvre de cette réforme, des concertations avec les entreprises émettrices seront nécessaires. Le directeur général de la Bvmac envisage notamment une démarche de dialogue pour obtenir leur accord, car elles sont directement impliquées dans cette transformation en vue de renforcer l’inclusion financière.
VERS UNE MODERNISATION DU SYSTÈME DE COTATION
Par ailleurs, la BVMAC a lancé un appel d’offres pour une mission d’audit externe de son système de cotation. Selon Louis Banga Ntolo, l’objectif de cet audit est de garantir la conformité de la plateforme aux normes en vigueur et de renforcer la crédibilité de la place boursière. Actuellement, la BVMAC utilise une infrastructure de cotation, le NSC V900, développée par Euronext, mais qui n’est plus sous maintenance depuis plusieurs années.
L’audit visera donc à évaluer la conformité de cette plateforme, à identifier ses points forts et ses faiblesses, et à proposer des recommandations pour une optimisation. Le processus de cotation, la sécurité des systèmes informatiques, la gestion des risques et la conformité réglementaire font partie des points essentiels examinés dans cet audit.
Pour les responsables de la BVMAC, cet audit est crucial pour assurer la transparence et la fiabilité des opérations. «La fiabilité et la transparence du système de cotation sont essentielles pour garantir la confiance des investisseurs et la fluidité des transactions», a souligné Louis Banga Ntolo.
LES CHIFFRES DE 2024
Entre avril et juin 2024, les sociétés de bourse (SDB) opérant dans les six pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) ont connu une baisse marquée de leur activité. Selon la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (Bvmac), le volume des transactions a chuté de manière significative, malgré une augmentation du nombre d’actions échangées.
En effet, au 2ᵉ trimestre 2024, le volume des transactions s’est effondré à 182 millions de FCFA, contre 14,27 milliards de FCFA au 1ᵉʳ trimestre, marquant une baisse de 98,7%. Paradoxalement, le nombre d’actions échangées a progressé, passant de 2 826 au premier trimestre à 3 895 au second trimestre (+27,45%). Au premier trimestre 2024, ce sont 82 transactions qui ont été effectuées par 13 sociétés de bourse pour un volume global de 1 570 945 titres soit une valeur 14,26 milliards de FCFA au premier trimestre 2024.