Le pape François a récemment entrepris l'un des plus longs voyages de son pontificat, le 2 septembre 2024, en Asie. Il a cependant fait une halte importante en Belgique à l'occasion du 600e anniversaire de l'Université catholique de Louvain, la plus ancienne université catholique du monde. Ce qui était censé être une occasion de célébration a rapidement pris une tournure plus sérieuse, car le pape a été confronté à de profondes inquiétudes concernant les abus sexuels au sein de l'Église.
Le pape appelle à la transparence face aux abus
Au milieu des célébrations, le pape François a affronté l’éléphant dans la pièce : la crise des abus sexuels qui tourmente l’Église depuis des décennies. S'adressant à environ 39 000 personnes au Stade Roi Baudouin à Bruxelles, il a délivré un message clair : « Le mal ne doit pas être caché ». Le pape a souligné la nécessité de transparence et de responsabilité, insistant sur le fait qu’il n’y a « aucune place pour dissimuler les abus » au sein de l’Église.
Ses paroles ont touché une corde sensible alors que le pape a reconnu la profonde douleur causée par les scandales d'abus, notamment en Belgique, où de nombreux cas ont été révélés. Le pape François a reconnu que « l’Église n’en a pas fait assez » et il a exhorté les fidèles à considérer les souffrances extrêmes endurées par les victimes, leurs familles et la société. Cet aveu a reçu une réponse mitigée, certains participants exprimant leur soutien à sa position, tandis que d'autres restaient sceptiques quant à la capacité de l'Église à se réformer complètement. Un participant a déclaré que malgré les scandales, sa foi dans l’Église est restée inébranlable.
Lors de son vol de retour vers l'Italie, le pape François a suscité la controverse avec des remarques sur le défunt roi Baudouin de Belgique. Le félicitant comme un « saint » pour avoir temporairement abdiqué en 1990 afin d'éviter de signer une loi légalisant l'avortement, le pape a déclaré : « Pour ce faire, il faut un homme politique qui porte un pantalon » et a annoncé son intention d'entamer le processus de béatification de Baudouin à son retour au pays. Vatican.
Ces propos ont suscité un débat en Belgique, où l'avortement reste une question politiquement sensible. La position ferme du pape sur l'avortement, le qualifiant d'« homicide » et assimilant les médecins qui pratiquent des avortements à des « tueurs à gages », a suscité de vives critiques. Ses remarques étaient particulièrement provocatrices alors que la Belgique débat actuellement d'une proposition visant à étendre la limite légale de l'avortement de 12 à 18 semaines, ce qui rend ses commentaires d'autant plus controversés.
L'histoire troublée des abus dans l'Église en Belgique
L'histoire troublée de la Belgique, marquée par les abus sexuels et les dissimulations au sein de l'Église, a rendu la visite du pape François encore plus délicate. Au cours de son séjour, François a rencontré 17 survivants d'abus, écoutant leurs histoires et exprimant ses regrets face à la réponse inadéquate de l'Église. Le Premier ministre belge Alexander de Croo et le roi Philippe ont tous deux exhorté le pape à prendre des mesures concrètes pour soutenir et indemniser les victimes.
Un cas particulièrement tristement célèbre qui hante encore l'Église belge est celui de l'ancien évêque de Bruges, Roger Vangheluwe, qui a reconnu en 2010 avoir abusé de son neveu pendant 13 ans. Malgré ses aveux, Vangheluwe n’a été défroqué qu’en 2024, 14 ans après avoir reconnu les abus. Beaucoup considèrent cette action tardive comme emblématique de la réponse lente et insuffisante de l'Église à la crise des abus.
Au-delà des scandales d'abus, les appels à des réformes de genre au sein de l'Église se sont multipliés lors de la visite du pape. Les partisans du changement ont exhorté François à reconsidérer l’ordination des femmes et à aborder la question des femmes diacres. Cependant, le pape François est resté ferme, excluant la possibilité que des femmes deviennent prêtres et supprimant la question des femmes diacres de l'ordre du jour du prochain synode. Il a décrit la question comme « trop complexe » pour être abordée dans un délai limité, laissant de nombreuses personnes déçues et ayant le sentiment que des questions cruciales étaient laissées de côté.
Un équilibre entre passé et présent
La visite du pape François en Belgique a été un exercice d'équilibre délicat. Tout en honorant l'héritage de 600 ans de l'Université catholique de Louvain, symbole des contributions académiques et religieuses de l'Église, il a également été confronté au besoin urgent de remédier aux échecs de l'Église, notamment en matière d'abus sexuels et d'égalité des sexes.
Alors que se déroulaient les célébrations de l'anniversaire marquant de Louvain, le poids du passé trouble de l'Église pesait lourdement sur l'événement. Alors que certaines personnes ont applaudi la reconnaissance par le Pape de la crise des abus et ses appels à la transparence, la visite a mis en évidence les difficultés persistantes auxquelles l'Église est confrontée alors qu'elle fait face aux répercussions de ses échecs historiques et aux demandes de réforme.
Mimi Méfo Infos
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