Qui peut se dire Camerounais sans évoquer les saveurs incontournables de notre terroir ? Pays aux multiples facettes, le Cameroun ne se limite pas à sa diversité culturelle et géographique. Il est aussi un véritable paradis gastronomique, riche en mets et traditions culinaires qui reflètent l’âme de ses différentes régions. Des feuilles de Ndolé au manioc, en passant par les épices typiques et les crevettes fraîches des côtes, chaque plat raconte une histoire, celle d’un pays où la gastronomie et l’identité culturelle sont intimement liées.
Lorsqu’on observe ce pays surnommé « l’Afrique en miniature », il devient évident que le tourisme ne peut s’y dissocier de la gastronomie. « Quand un touriste arrive quelque part, il va au restaurant et demande la cuisine locale. C’est cette cuisine qu’il garde en mémoire, qui peut lui donner envie de revenir pour visiter la destination. C’est ce que nous avons entrepris de faire », affirme Maïgari Bello Bouba. Cette déclaration résume parfaitement l’ambition derrière la valorisation de la cuisine camerounaise : inscrire le Cameroun sur la carte mondiale des destinations gastronomiques incontournables.
Le Cameroun, seul pays au monde dont le nom découle d’un crustacé (« Rio Dos Camaroes » ce qui signifie rivière des crevettes), est comme prédestiné à unir ses richesses naturelles et culinaires pour séduire les voyageurs. C’est dans ce cadre que le gouvernement a mis sur pied le Festival des Saveurs du Cameroun et du Monde, afin de booster la destination gastronomique du Cameroun. Cet événement, vitrine des saveurs camerounaises, met en lumière ce secteur clé pour l’économie nationale : la gastronomie. À travers ses mets uniques, le pays aspire à attirer un nombre croissant de touristes tout en renforçant son identité.
LABÉLISATION
En juin 2022, une nouvelle avancée a été réalisée dans cette direction. Le ministre camerounais du Tourisme, Maïgari Bello Bouba, a sélectionné 14 plats traditionnels en vue de les labellisés et de les transformer en véritables attraits touristiques. Il s’agit entre autres du Ndolé, Achu, Okok, Taro, Nkui, mets de pistache, Ekwang, Eru etc. Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’un programme plus vaste de l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI), intitulé « Propriété intellectuelle et tourisme gastronomique au Pérou et dans d’autres pays en développement ».
En collaboration avec l’OMPI, le gouvernement s’efforce de valoriser ces mets uniques. Parmi les plats sélectionnés figurent des créations culinaires variées et riches en saveurs, reflétant la diversité du patrimoine camerounais. Une fois labellisés, ces plats deviendront des ambassadeurs de la culture locale, capables de ravir les palais les plus exigeants et de laisser des souvenirs impérissables chez les visiteurs. Ce projet ne constitue pas une première pour le Cameroun, qui a déjà vu des produits emblématiques tels que le miel blanc d’Oku et le poivre de Penja obtenir un label. La labellisation de ces mets traditionnels marque une nouvelle étape dans la protection et la valorisation des trésors culinaires nationaux.
DES AVANCÉES SIGNIFICATIVES
Depuis mai 2024 le gouvernement camerounais a entamé la phase 2 de ce projet intitulé : « Propriété intellectuelle et tourisme gastronomique ». C’est ainsi que le Ndolè a été officiellement reconnu et labellisé par l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI). Le Ndolè a été choisi parmi 14 traditions culinaires camerounaises à préserver, devenant ainsi le premier plat à obtenir le label de l’OMPI. Cette labellisation, apprend-on, confère des perspectives économiques prometteuses pour le Cameroun, en attirant l’attention des gastronomes du monde entier et en stimulant le développement local et régional. A l’observation, la décision de labelliser le Ndolè s’inscrit dans les efforts du gouvernement pour promouvoir la culture et le patrimoine culinaire du pays. Elle vise à préserver l’authenticité de cette recette ancestrale et à encourager sa transmission aux générations futures.
Ce programme, lancé par l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), vise à positionner le Cameroun comme une destination touristique incontournable en valorisant sa cuisine locale. « Le principal objectif de cette deuxième phase est de promouvoir l’usage de la propriété intellectuelle en lien avec le tourisme gastronomique au Cameroun, en Malaisie, au Maroc et au Pérou, tout en capitalisant sur les acquis de la phase initiale », précise le Ministère du Tourisme et des Loisirs (Mintoul).
La phase II de ce projet est financée par l’OMPI à hauteur de plus de 332,6 millions de FCFA. Elle fait suite au projet intitulé « Plan d’action pour le développement sur la propriété intellectuelle et le tourisme gastronomique au Pérou et dans d’autres pays en développement », dont l’objectif est de promouvoir le tourisme gastronomique à travers la propriété intellectuelle. Ce programme intervient dans un contexte où la cuisine camerounaise peine encore à se faire connaître à l’international, en grande partie en raison d’un manque de standardisation.
C’est justement sur cette diversité culinaire que le Ministère du Tourisme et des Loisirs (Mintoul) entend s’appuyer pour dynamiser le tourisme et en faire un moteur de développement et de croissance. Selon les prévisions publiées en mars 2018 par le World Travel & Tourism Council (WTTC), un forum dédié à l’industrie du voyage et du tourisme, ce secteur ne devrait représenter qu’un peu plus de 3 % du PIB camerounais d’ici 2028.