Une étude récente a révélé que les emballages alimentaires contiennent des centaines de produits chimiques directement liés à l'incidence croissante du cancer du sein dans le monde, ce qui a alarmé l'augmentation des cas chez les femmes au Cameroun.
L'étude, menée par le Food Packaging Forum, une organisation à but non lucratif basée à Zurich, en Suisse, a identifié près de 200 produits chimiques associés au cancer du sein présents dans les matériaux d'emballage alimentaire. Plus inquiétant encore, bon nombre de ces produits chimiques peuvent s’infiltrer dans le corps humain. Jane Muncke, co-auteur de l'étude et directrice scientifique de l'organisation, a souligné l'impact grave, révélant que 76 cancérogènes connus ou potentiels du sein ont été détectés dans des matériaux en contact avec des aliments récemment achetés dans le monde. “Ces produits chimiques sont détectables chez les individus”, a déclaré Muncke à CNN.
Cette découverte intervient à un moment où l’on s’inquiète de plus en plus de l’augmentation des taux de cancer, en particulier parmi les populations plus jeunes. Des recherches menées à l'Université Washington de Saint-Louis montrent une augmentation constante des cas de cancer du sein chez les femmes de moins de 50 ans au cours des deux dernières décennies. Muncke a souligné que l'élimination de ces produits chimiques nocifs de l'approvisionnement alimentaire pourrait constituer une étape cruciale vers la réduction des cas de cancer.
Les cas de cancer du sein en hausse au Cameroun
Au Cameroun, la hausse des cas de cancer du sein, notamment chez les femmes, est alarmante. Les organisations de santé, dont l'Organisation mondiale de la santé (OMS), ont identifié le cancer du sein comme le cancer le plus répandu chez les femmes du pays. Les données montrent une augmentation continue ces dernières années. Par exemple, en 2018, environ 2 625 nouveaux cas de cancer du sein ont été signalés, contribuant de manière significative au taux de mortalité par cancer du pays. La même année, environ 6 000 décès liés au cancer ont été enregistrés, le cancer du sein étant en tête.
Des études épidémiologiques suggèrent qu’au cours de la dernière décennie, le cancer du sein a dépassé les autres cancers, devenant ainsi le cancer le plus répandu chez les femmes au Cameroun. Cette tendance inquiétante met en évidence le besoin urgent d’une sensibilisation accrue, d’une prévention, d’une détection précoce et de mesures de traitement efficaces.
Voies multiples d’exposition à des produits chimiques nocifs
Jenny Kay, scientifique chez Silent Spring et co-auteur de la mise à jour de l'étude américaine de 2024, a souligné que les emballages alimentaires ne sont qu'une des nombreuses sources de produits chimiques nocifs que les gens rencontrent quotidiennement. La dernière recherche, publiée dans le Journal Frontières en toxicologiea comparé la base de données Silent Spring sur les cancérogènes du cancer du sein avec la liste des produits chimiques du Food Packaging Forum trouvés dans le lait maternel, le sang, l'urine et d'autres tissus. Cette comparaison a révélé que des substances cancérigènes potentielles provenant des emballages alimentaires pourraient pénétrer dans le corps humain.
Les emballages en plastique et en papier identifiés comme principaux coupables
L'étude a révélé que la majorité de l'exposition aux substances cancérigènes provenait des plastiques utilisés dans les emballages alimentaires, avec 89 substances cancérigènes suspectées également identifiées dans les contenants en papier et en carton. Muncke a expliqué que les emballages en papier contiennent souvent des additifs tels que des émulsifiants et des adhésifs, en particulier lorsqu'ils sont collés ou recouverts de plastique.
Malgré ces constats alarmants, l’industrie de l’emballage continue de défendre ses pratiques, arguant que l’emballage alimentaire est essentiel pour garantir la sécurité et la conservation des aliments.
Mimi Méfo Infos
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