Jordan Bardella a toujours mis en avant ses racines italiennes. Issu d’une famille originaire du Latium, il est né le 13 septembre 1995 à Drancy, dans la Seine-Saint-Denis, un territoire où coexistent différentes communautés. Fils unique, son père, Olivier Bardella, est né en 1968 à Montreuil. C’est par cette lignée paternelle que Jordan Bardella revendique sa descendance italienne. Son grand-père, Guerino Bardella, né en 1944 à Avito, dans le Latium, a quitté l’Italie pour s’installer en France dans les années 1960. Ce parcours migratoire renforce l’image d’un Jordan Bardella ancré dans une histoire familiale de migration européenne.
Cependant, ce lien italien, bien que central dans le discours du président du RN, ne dévoile qu’une partie de la réalité. En effet, Jeune Afrique a récemment mis en lumière une facette peu connue de l’histoire familiale de Bardella. D’un côté, il y a ses origines italiennes, de l’autre, des racines qui remontent à l’Algérie et au Maroc. La famille de Jordan Bardella est également connectée au Maghreb, mais cette partie de son histoire est souvent restée sous silence dans les discours publics du politicien.
Les origines kabyles : un héritage algérien
Outre ses racines italiennes, Jordan Bardella a également des ancêtres d’origine kabyle, une information rarement évoquée par l’intéressé. Son arrière-grand-père maternel, Mohand Séghir Mada, a immigré en France depuis la région de Kabylie, en Algérie, dans les années 1930. Ce lien avec l’Algérie a été souligné dans un article Jeune Afrique largement relayé par la presse française. Toute chose qui montre que la famille Bardella est loin d’avoir une histoire purement européenne. Le silence de Jordan Bardella sur ses liens avec l’Algérie contraste fortement avec la visibilité qu’il donne à son héritage italien. Ce choix peut s’expliquer par la nature même de sa carrière politique, où l’accent mis sur des origines européennes est en cohérence avec les valeurs défendues par le Rassemblement National. Pourtant, ses origines algériennes révèlent une histoire plus complexe, liée à l’immigration et à la diversité des cultures, des éléments qui ne cadrent pas forcément avec la ligne politique de son parti.
Guerino Bardella : une nouvelle vie à Casablanca
La découverte la plus surprenante dans cet article de Jeune Afrique concerne Guerino Bardella, le grand-père paternel de Jordan. Après avoir divorcé de sa première femme, Réjane Mada, avec qui il a eu Olivier Bardella, Guerino s’est installé à Casablanca, la capitale économique du Maroc. Là, il a refait sa vie et s’est marié avec une femme marocaine prénommée Hakima.
Ce second mariage n’est pas seulement une simple union interculturelle. Selon la loi marocaine, un homme non musulman ne peut épouser une citoyenne marocaine que s’il se convertit à l’islam. Ainsi, Guerino Bardella s’est officiellement converti à la religion musulmane avant de s’unir à Hakima, une étape nécessaire pour que leur mariage soit reconnu au Maroc. Aujourd’hui, à 80 ans, Guerino vit paisiblement dans le quartier de Bourgogne, à Casablanca, jouissant d’une retraite tranquille après avoir exercé le métier de menuisier-ébéniste dans le pays.
L’installation de Guerino au Maroc, couplée à son intégration dans la communauté locale, présente un contraste frappant avec la carrière politique de son petit-fils en France. Jordan Bardella, connu pour ses prises de position fermes sur les questions migratoires et identitaires, n’a jamais mentionné ce pan de son histoire familiale. Cette relation entre Guerino Bardella et le Maroc reste donc une énigme pour de nombreux observateurs. Jeune Afrique souligne d’ailleurs que les relations entre Jordan et son grand-père résident à Casablanca ne sont pas bien documentées.
Une vie à Casablanca : un grand-père intégré dans la société marocaine
Installé au Maroc depuis plusieurs années, Guerino Bardella a pris racine à Casablanca, ville cosmopolite où se mêlent différentes cultures et nationalités. Le retraité italien s’est intégré dans la société marocaine, adoptant certaines de ses coutumes et trouvant sa place dans la communauté. Il est un habitué du Cercle italien « Chez Massimo », un restaurant fréquenté par les expatriés italiens vivant au Maroc, situé dans le quartier animé du Maarif, non loin de Bourgogne.
Loin de son Italie natale, Guerino semble avoir adopté une vie simple et paisible à Casablanca. Son titre de séjour, obtenu au motif du regroupement familial, témoigne de son attachement au Royaume et à sa nouvelle vie auprès de sa femme. Si Guerino Bardella s’est converti à l’islam par nécessité, son quotidien reflète un certain syncrétisme entre ses racines italiennes et la culture marocaine dans laquelle il évolue désormais.
Une famille marquée par des parcours migratoires multiples
L’histoire de Guerino Bardella, tout comme celle de son petit-fils Jordan, est marquée par la migration et l’intégration. Jordan Bardella se présente souvent comme le représentant de la France profonde, ancrée dans une identité européenne qu’il perçoit comme menacée par l’immigration. Pourtant, l’histoire de sa famille contredit en partie cette narration. Le parcours de Guerino, qui a vécu en Italie, en France, puis au Maroc, est celui d’un homme qui a traversé différentes cultures et s’y est adapté.
Cette diversité familiale, avec des origines italiennes, algériennes, et une connexion au Maroc, place Jordan Bardella dans une situation unique. Il est à la fois le produit d’un mélange culturel riche et le représentant d’une ligne politique qui prône l’homogénéité culturelle. Si Jordan Bardella n’a jamais mis en avant ses liens avec l’Algérie ou le Maroc, ces aspects de son histoire familiale contrastent avec les valeurs défendues par le RN.
Jordan Bardella : le nouveau visage de l’extrême droite française
Ancien étudiant en géographie qui a rapidement abandonné ses études, Jordan Bardella gravit rapidement les échelons au sein du parti de Marine Le Pen. En 2019, Jordan est propulsé sur la scène nationale en devenant tête de liste du RN pour les élections européennes. À seulement 23 ans, il mène le parti à la victoire en obtenant la première place avec plus de 23 % des voix, devant La République en Marche. Militant de la première heure de l’extrême droite et chantre de la réduction drastique de l’immigration vers l’Hexagone, Jordan Bardella a gagné en popularité ces derniers mois à la faveur des récentes élections législatives en France. Malgré une victoire au premier tour, Le Rassemblement national dont il est l’actuel président, a fini à la troisième place de ce scrutin à l’issue du second tour, derrière le Nouveau Front populaire et Ensemble.