Le Palais des Congrès de Yaoundé a été le théâtre d’un vibrant plaidoyer des promoteurs des Instituts Privés d’Enseignement Supérieur (IPES) le 23 septembre dernier. Réunis sous l’égide de l’Association nationale des instituts privés d’enseignement supérieur (Anipes), ces acteurs ont exprimé leur vive préoccupation face aux réformes mises en place par le ministère de la Santé publique (Minsanté) et le ministère de l’Enseignement supérieur (Minesup).
Le débat porte principalement sur la capacité des IPES à former le personnel médico-sanitaire, une compétence que l’Ordre des professions médico-sanitaires (Opms) leur conteste depuis des années.
Face à l’urgence de la situation, les IPES, dans un communiqué, ont demandé un sursis afin de s’adapter aux nouvelles exigences. Ils soulignent notamment l’impact brutal de la réforme sur les étudiants inscrits et le personnel enseignant, ainsi qu’une mise en œuvre trop rapide des mesures. Parmi les demandes formulées, figurent l’élaboration de programmes harmonisés et la mise en place de dispositifs pédagogiques spécifiques pour les étudiants déjà en cours de formation.
Sur le plan économique, les promoteurs plaident également pour un temps d’adaptation, particulièrement pour ceux ayant contracté des prêts bancaires pour le développement de leurs infrastructures. En dépit de leurs inquiétudes, les IPES ont réaffirmé leur soutien aux réformes tout en appelant à une concertation pour garantir la réussite de la transition.
«les promoteurs des Ipes du cameroun venus des 10 régions du cameroun et réunis ce jour au palais des congres de Yaoundé demandent très humblement au chef du gouvernement d’accorder un délai nécessaire afin que d’une part le comité technique prévu dans le communiqué du 16 aout puisse se tenir et adresser tous les points que posent la mise en œuvre de la réforme de la formation des personnels medico-sanitaires au cameroun, d’autre part pour que les nouvelles mesures juridiques, académiques et pédagogiques devant encadrer les réformes soient prises au niveau de l’état», a indiqué l’Anipes.
Le point de discorde
La réforme qui cristallise ce débat a été initiée lors d’une réunion conjointe entre les ministres de la Santé et de l’Enseignement supérieur le 16 août 2024. Désormais, les titulaires de diplômes comme le Brevet de Technicien Supérieur (BTS), le Higher National Diploma (HND) ou le Diplôme Supérieur d’Études Professionnelles (DSEP) devront passer un examen national d’aptitude à la profession médico-sanitaire pour intégrer l’Ordre des professionnels.
La première session de cet examen est prévue pour octobre 2024. En parallèle, un concours national sera mis en place pour l’admission dans les écoles de formation médico-sanitaire, tant publiques que privées, dès la rentrée 2024-2025. Une mesure qui répond à une revendication de longue date de l’Opms, qui dénonce la mauvaise qualité de formation dans certains établissements privés.
L’Opms a depuis longtemps exprimé ses réserves quant à la formation médico-sanitaire assurée par les IPES. En novembre 2020, l’Ordre avait déjà publié un communiqué dans lequel il remettait en question la légitimité des diplômes délivrés par ces établissements, comme le BTS en soins infirmiers ou le DSEP en santé.
Selon cette organisation, ces diplômes ne respectent pas les normes de formation requises pour garantir la sécurité des patients. En réponse, l’organisation a appelé à un encadrement strict des formations, à une harmonisation avec le système LMD (Licence-Master-Doctorat) et à la mise en place de concours rigoureux. Ce bras de fer avec les IPES s’est intensifié au fil des ans, jusqu’à aboutir à la réforme conjointe des ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur.