Le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont conclu un accord avec la Russie pour acquérir des satellites de télécommunications et de surveillance, une étape vers le renforcement de leurs capacités de sécurité et de communication. L'accord, annoncé lundi à l'issue d'une réunion entre les ministres des trois pays d'Afrique de l'Ouest et des responsables de l'agence aérospatiale russe Roscosmos, à Bamako, la capitale du Mali, vise à renforcer la lutte contre les insurrections islamistes qui sévissent dans la région du Sahel depuis des années.
Le ministre malien des Finances, Alousséni Sanou, a salué le projet de satellite comme un outil essentiel pour la sécurité nationale, soulignant que la technologie améliorera considérablement la surveillance des frontières. « Cela permettra des communications sécurisées et renforcera notre capacité à surveiller nos frontières et à contrer les menaces auxquelles nous sommes confrontés », a déclaré Sanou. Les insurgés islamistes, qui opèrent le long des longues frontières poreuses de la vaste région du Sahel, constituent une menace persistante pour les juntes militaires qui gouvernent actuellement les trois pays.
Les satellites devraient permettre de répondre à diverses situations d’urgence, notamment aux catastrophes naturelles. Selon Sanou, cette technologie sera essentielle pour surveiller les inondations, les sécheresses et les incendies, apportant ainsi un soutien indispensable à la gestion de ces crises dans la région semi-aride au sud du désert du Sahara.
Objectifs stratégiques plus larges
Le nouvel accord sur les satellites intervient quelques jours seulement après que des militants islamistes ont lancé une attaque rare contre un aéroport de Bamako, soulignant les défis sécuritaires auxquels ces pays sont confrontés. En réponse, les trois pays du Sahel ont salué le projet de satellite de télédétection comme étant essentiel à leur stratégie de sécurité plus large. Les satellites fourniront à ces gouvernements des outils de surveillance avancés, leur permettant de détecter les mouvements des insurgés et d'autres menaces avec une plus grande précision.
Au-delà de la sécurité, l’accord permettra également d’étendre considérablement les infrastructures de communication dans la région. Le satellite de télécommunications prévu devrait faciliter la diffusion de signaux de télévision et de radio au Mali, au Niger et au Burkina Faso, ainsi que fournir des services Internet et téléphoniques aux zones sous-développées et inaccessibles du Sahel.
Renforcement de l’Alliance des États du Sahel
L’accord sur les satellites marque une nouvelle étape pour l’Alliance des États du Sahel, créée l’année dernière par les trois pays principalement pour renforcer la coopération militaire. Initialement axée sur la résolution des problèmes de sécurité communs, l’alliance a depuis élargi son mandat pour inclure des objectifs de développement plus vastes, les télécommunications étant désormais un domaine d’intervention clé.
Alors que les insurgés continuent de se propager, le Mali, le Niger et le Burkina Faso se détournent de plus en plus de leurs partenaires occidentaux traditionnels et recherchent des alliances alternatives. Le projet de satellite avec la Russie reflète le renforcement des liens entre les pays sahéliens et Moscou, qui souhaite étendre son influence à travers l’Afrique. Les relations entre ces pays et leurs alliés occidentaux se sont détériorées, en particulier après que des coups d’État militaires ont renversé des gouvernements démocratiquement élus dans ces trois pays.
L'influence croissante de la Russie au Sahel
L'implication de la Russie au Sahel suscite des inquiétudes parmi les gouvernements occidentaux et les groupes de défense des droits de l'homme, notamment en ce qui concerne la présence de mercenaires russes du groupe Wagner dans la région. Malgré les allégations selon lesquelles des mercenaires russes auraient commis des atrocités contre des civils, Moscou nie tout acte répréhensible et continue de défendre son rôle dans le soutien militaire à ces nations.
Si les armes et le personnel russes jouent un rôle clé dans les stratégies militaires de la région, la situation sécuritaire reste précaire. Les insurrections islamistes continuent de s'étendre, et les récentes attaques ont atteint des zones autrefois considérées comme sûres, comme l'aéroport de Bamako. Cependant, les trois gouvernements sont optimistes quant au fait que la nouvelle technologie satellitaire offrira un coup de pouce bien nécessaire à leur appareil de sécurité et renforcera leur position dans la lutte en cours contre les groupes djihadistes.
Mimi Mefo Info
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