Au milieu de plaintes diverses des associations de consommateurs, mais aussi de nombreuses personnalités et institutions de la République, le communiqué rendu public mercredi dernier par l’Agence de Régulation des Télécommunications (ART) est venu rappeler les responsabilités de chacun : « Il ressort à l’issue des contrôles effectués par les équipes de l’ART que cette perturbation est causée par une offre insuffisante en énergie électrique, telle que constatée dans leurs réseaux actuels, et la difficulté d’approvisionnement des différents sites techniques des opérateurs d’infrastructures passives en carburant, surtout dans nos grandes métropoles. D’autre part, les multiples ruptures des câbles à fibre optique sur certains segments du réseau national aggravent la situation».
C’est une intervention publique du régulateur qui satisfait Alain Blaise Batongue, Directeur des Affaires Institutionnelles et Réglementaires à Orange Cameroun : «Nous sommes encore plus préoccupés que nos millions de consommateurs par cette situation gênante. Mais le communiqué rendu public mercredi dernier par l’autorité de régulation fait un diagnostic exact et lucide de la situation, car les principales causes de cette dégradation continue ne dépendent pas toujours des opérateurs privés. Il y a bien sûr les ruptures régulières de l’approvisionnement en énergie électrique : un décompte sur les huit premiers mois de l’année donnerait des frissons. Même si nous avons beaucoup investi ces deux dernières années dans l’acquisition de puissants groupes électrogènes pour pallier ces coupures, et même si nous avons également beaucoup investi dans l’énergie solaire, ces nombreuses interruptions, à divers endroits du pays, continuent de peser sur la qualité de service»
La situation est encore plus grave. Selon lui, concernant les coupures de la fibre optique : «Ce qui nous rend encore plus impuissants, c’est la gestion monopolistique de la fibre optique par l’opérateur historique et public, Camtel, selon la volonté du gouvernement. Les nombreuses coupures de cette fibre optique ces derniers mois sont la principale cause de cette dégradation continue, comme le reconnaît d’ailleurs le régulateur dans son communiqué. Petite illustration : au cours des trois derniers mois seulement, nous avons subi plus de 130 coupures de la fibre optique, avec des délais de rétablissement de plus en plus longs, certains pouvant durer 72 heures. Ces coupures sont souvent liées à des travaux de génie civil, mais aussi parfois à des actes de vandalisme. Ce qu’il faut savoir, c’est que, au-delà des conséquences directes sur les consommateurs pendant la durée de la coupure, les multiples réparations entraînent aussi, de facto, une dégradation naturelle de la qualité de service pour la voix et les données. ».
Mitwa N’ganbi, DG de MTN Cameroon, un autre opérateur privé, partage le même avis dans une interview accordée à nos confrères d’Investir au Cameroun : « L’un de nos défis est notre dépendance à l’égard d’un tiers pour la fibre optique afin d’assurer l’interconnectivité entre les villes. Nous constatons aujourd’hui une augmentation exponentielle des coupures de fibre dues à divers facteurs. Il est nécessaire de collaborer activement avec nos partenaires en charge de la gestion de la fibre optique afin d’en assurer la stabilité. Au mois d’août 2024, nous avons enregistré le plus haut niveau d’instabilité de la fibre optique»