Le Nigeria est actuellement à l'avant-garde d'un mouvement de protestation particulier, le pays se préparant à des manifestations nationales prévues pour le 1er août. La semaine dernière, des manifestants pro-gouvernementaux sont descendus dans la rue, brandissant des banderoles au message contradictoire : « Non aux manifestations ». Ces rassemblements ont déclenché un débat complexe sur la nature et le pouvoir des manifestations pacifiques dans une société démocratique. Beaucoup les considèrent comme un effort de dernière minute des partisans du gouvernement du président Bola Tinubu.
Les manifestations de soutien au gouvernement, sur lesquelles figurent en évidence les noms de tous les États nigérians, sont devenues la source d’un débat intense. Si l’intention semble être d’appeler au calme et à la stabilité, l’ironie de protester contre les manifestations n’a pas échappé aux observateurs. Selon les critiques, ces manifestations confirment par inadvertance l’efficacité et l’importance des manifestations pacifiques. Les manifestants pro-gouvernementaux attirent l’attention sur un droit démocratique fondamental – la liberté de manifester – en exprimant leur mécontentement.
Les manifestations antigouvernementales qui se préparent au Nigeria ont créé une tension palpable dans l'atmosphère, à commencer par les avertissements du président du pays. Les inquiétudes concernant d'éventuelles mesures de répression ont été renforcées par les récentes déclarations de hauts responsables du gouvernement et des agences de sécurité. Les responsables ont qualifié les manifestations à venir de motivées politiquement et inutiles, mettant en garde contre de possibles conséquences désastreuses. Le Département des services d'État (DSS) a formulé de graves allégations contre les organisateurs, affirmant que leurs intentions étaient de perturber le gouvernement et de provoquer des troubles. Il a même suggéré que ces manifestations pourraient être le signe avant-coureur d'un éventuel changement de direction. Dans la même veine, l'armée a exprimé de graves inquiétudes quant au risque d'anarchie et s'est fermement engagée à faire respecter la loi et l'ordre de manière proactive. La police a exprimé ses inquiétudes, avertissant que les manifestations pourraient servir de couverture à des actes de violence.
Ces déclarations sont préoccupantes, en particulier au vu de l’expérience récente du Nigéria en matière de manifestations pacifiques. Les manifestations #EndSARS d’octobre 2020, exigeant la fin des brutalités policières, ont été accueillies par une réponse brutale des forces de sécurité, entraînant la perte tragique d’au moins 12 manifestants non armés. Le souvenir de cette répression brutale persiste, jetant un nuage sombre sur la situation actuelle. L’importance de l’incident a été soulignée par une récente décision de la Cour de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui a déterminé que le gouvernement nigérian avait violé les droits des manifestants #EndSARS.
Les manifestations à venir, qui ont gagné en popularité sur les réseaux sociaux, s’inspirent des récentes manifestations au Kenya. Les citoyens ont exprimé leur opposition à l’augmentation des taxes sur les produits de première nécessité en descendant dans la rue, et leurs revendications en faveur d’une réforme gouvernementale se sont intensifiées à mesure que les manifestations se poursuivaient. Le Nigéria est actuellement confronté à sa plus grave crise du coût de la vie depuis près de trente ans. Le pays est aux prises avec un taux d’inflation de 34,19 % et une inflation des prix alimentaires qui a dépassé les 40 %. Il semble que le Nigéria se dirige vers une situation similaire. Les manifestations prévues visent à s’attaquer aux difficultés économiques et aux problèmes systémiques comme la corruption.
Il est de la plus haute importance pour le gouvernement nigérian de donner la priorité à la protection des droits de ses citoyens face à ces défis. Au lieu de réprimer les opinions divergentes, les autorités devraient donner la priorité aux préoccupations légitimes qui alimentent les manifestations. Il est crucial de donner la priorité à la sécurité et au calme des manifestations, car cela permet non seulement de défendre les droits fondamentaux, mais aussi d'ouvrir la voie à un dialogue et à des réformes significatifs.
Mimi Mefo Info
En rapport