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LUC MESSI ATANGANA : « Mon objectif est d’œuvrer de manière significative à la modernisation de Yaoundé »

Défis Actuels : Monsieur le Maire de la ville de Yaoundé, quelles ont été les principales priorités de la Communauté urbaine de Yaoundé sous votre leadership ces dernières années ?
LUC MESSI ATANGANA : A mon arrivée à l’Hôtel de ville de Yaoundé en mars 2020, l’assainissement de la capitale s’impose comme une urgence, dans la mesure où elle doit afficher fière allure à l’occasion de la CAN 2021 que notre pays a accueilli en janvier 2022. Le temps était compté, et il fallait vite s’y mettre et bien faire, le tout dans un contexte de crise sanitaire liée à la Covid-19, avec toutes ses restrictions que nous avons connues. A ce moment-là, les autres priorités concernaient les voiries, la mobilité urbaine, l’éclairage public, la lutte contre le désordre urbain et l’embellissement de la ville. Nous avions alors mené plusieurs actions allant dans ce sens pour le résultat que tout le monde a vu pendant ce grand rendez-vous sportif. La CAN passée, les priorités n’ont pas changé du moment que l’aménagement de la cité n’est pas seulement lié à l’organisation d’un événement.
Après la révision du Plan directeur d’urbanisme de la ville de Yaoundé en 2022, nous avons constaté le besoin criard d’orienter nos efforts principalement sur l’aménagement des voiries, l’amélioration de la gestion des ordures, la construction des infrastructures marchandes ou l’extension du réseau d’éclairage public. Ce sont ces priorités qui guident les actions de la Communauté urbaine depuis 2022, sans que pour autant ne soient négligées les autres missions à nous dévolues comme le bon ordre urbain, la mobilité urbaine, l’embellissement de la ville, entre autres.
Défis Actuels : Yaoundé connait une forte croissance démographique. Quels sont vos plans pour encadrer cette urbanisation rapide tout en assurant un développement harmonieux de la ville ?
LUC MESSI ATANGANA : Mon objectif en tant que maire de la ville de Yaoundé est de contribuer de manière significative à la modernisation de ma ville. Pour y parvenir, il est important de connaître chaque facteur de développement et maîtriser tous les atouts et freins à ce développement. C’est dans ce cadre que nous avons mené le processus de révision du Plan directeur d’urbanisme de la ville de Yaoundé (PDU), dont le précédent est arrivé à échéance en 2019.
Nous avons constitué une base de données actualisée sur la croissance démographique, les besoins actuels et futurs de la population, les moyens à mettre en œuvre pour un urbanisme durable, la répartition de Yaoundé en zones spécifiques avec des nouvelles zones industrielles, des zones pour l’agriculture urbaine, etc. Bien plus, nous avons matérialisé sur une carte l’ensemble des projets que nous avons pour la ville, en prenant en compte l’évolution de la population et ses besoins. Autrement dit, le développement de la ville de Yaoundé est planifié jusqu’en 2035, dans un document que nous appelons le Plan directeur d’urbanisme. Ce plan est adossé aux objectifs de la Stratégie nationale de développement.
Défis Actuels : La circulation et les embouteillages restent un défi quotidien pour les habitants. Quelles sont les solutions mises en œuvre pour améliorer la mobilité urbaine ?
LUC MESSI ATANGANA : La Communauté urbaine de Yaoundé a mené une étude en 2019 sur la mobilité dans la ville de Yaoundé. Le résultat de cette étude est contenu dans un document guide dénommé le Plan de mobilité urbaine soutenable (PMUS). Ce document présente un état de lieu précis sur la question de la mobilité dans la ville et comporte cinq projets dont la mise en œuvre d’ici 2030 devra considérablement améliorer la mobilité dans la ville de Yaoundé. Parmi ces projets, nous pouvons notamment citer Yaoundé cœur de ville, dont j’ai lancé les travaux le 11 juin dernier.
Ce projet à lui seul comporte plusieurs sous-projets qui, à terme, devront réduire de manière considérable les embouteillages au centre-ville. Il prévoit en sa composante travaux structurants, quatre projets dont la reconstruction des carrefours Mvan et Elig-Effa, la démolition et la reconstruction d’une gare routière moderne à Messa (Mokolo) et la construction d’une gare routière moderne à Mvan. Dans sa composante aménagements légers, le projet prévoit la reprise des chaussées et l’assainissement, la construction des trottoirs, l’installation de feux de signalisation, la matérialisation de traversées piétonnes et l’implantation d’arrêts pour les taxis collectifs. Il prévoit également la construction des carrefours Awaé escalier, sous-manguier, entrée Beac Mvan et le réaménagement de trois terminus du réseau de transport artisanal urbain.
Au projet Yaoundé cœur de ville s’ajoute le projet du Bus Rapid Transit (TransYaoundé) ou encore le BRT. Ce projet est né du constat selon lequel avec une population de 4 millions d’habitants, la mobilité reste un véritable challenge dans la ville de Yaoundé, où le système de transport reste artisanal et composé de taxis, de motos et de minibus. Ce système est coûteux, très polluant et peu efficace sur la durée. C’est pourquoi nous misons depuis quelques années sur la mise en œuvre du BRT, le nouveau système de transport pour une mobilité plus efficace, moderne et écologique. Le BRT est un système de transport basé sur des bus électriques à forte capacité. Il reliera la plateforme multimodale d’Olembé à Ahala, sur près de 22 km, en desservant 28 stations et de nombreux lieux importants au centre-ville. Des extensions sont envisagées dans une deuxième phase, au nord de la ville vers Akak et au sud avec une branche Mvan-Odza.
Le projet est en phase de démarrage, et bénéficie du financement conjoint de l’Union européenne et de l’AFD, pour une mise en service d’ici 2028. Nous avons également le projet Mobilité verte à Yaoundé (Move Yaoundé). Comme son nom l’indique, ce projet lancé en janvier 2024 vise l’amélioration de la mobilité à Yaoundé à travers trois actions : la refonte du centre-ville par l’aménagement des corridors verts (plantation d’arbres et de fleurs) ; la modernisation du transport en commun informel (le transport par mototaxis et taxis) et l’amélioration de la mobilité piétonne à Yaoundé. Le projet est sur les rails.

La Communauté urbaine de Yaoundé s’étant récemment dotée d’une cellule de la mobilité urbaine, celle-ci bénéficie de l’accompagnement technique de la GIZ pour la mise en œuvre de Move Yaoundé. Ses actions ont démarré avec le recensement des taxis dans la ville en vue de leur professionnalisation. MoVe Yaoundé est cofinancé à hauteur de 4,5 milliards de FCFA par l’Union européenne, le gouvernement allemand à travers son agence de coopération la GIZ, et la France à travers l’AFD. Le projet devra s’exécuter sur quatre ans, et ses actions s’imbriquer dans le sillage de la mise en œuvre du BRT.
Défis Actuels : Concernant la mobilité urbaine, la ville de Yaoundé envisage-t-elle la mise en place d’un système moderne de bus pour soulager l’inconfort des populations obligées d’emprunter des moyens précaires dans des conditions d’insécurité ?
LUC MESSI ATANGANA : Effectivement. Je l’ai déjà mentionné plus haut, le BRT est la solution sur laquelle nous travaillons actuellement à la Communauté urbaine de Yaoundé, afin d’améliorer la mobilité urbaine dans notre ville. Nous sommes en train de préparer le début de la mise en œuvre du Bus Rapid Transit de Yaoundé qui, contrairement aux autres expériences en matière de bus urbain qu’a connues Yaoundé, mise sur sa rapidité, sa fiabilité et son accessibilité. Le BRT aura pour ce faire une ligne spécialement dédiée, qu’elle ne partagera pas avec les autres automobilistes. L’objectif est qu’un bus stationne toutes les trois minutes sur les 28 stations que comptera la ligne. Ces stations seront sécurisées de sorte à garantir la sécurité des usagers aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur des bus.
Défis Actuels : En matière de logements, quelles initiatives la mairie soutient-elle pour répondre à la crise ?
LUC MESSI ATANGANA : La Communauté urbaine de Yaoundé encourage la construction des logements décents dans la ville. A défaut d’avoir des moyens considérables pour investir dans ce domaine, nous encourageons ceux qui s’y lancent à travers la facilitation de l’octroi des permis de construire et des certificats d’urbanisme, tout en étant rigoureux dans leur délivrance.
Défis Actuels : Quelles sont les grandes infrastructures en cours ou à venir qui changeront le visage de Yaoundé dans les prochaines années ?
LUC MESSI ATANGANA : Yaoundé est une ville en chantier. De nombreux projets y sont menés, aussi bien par des particuliers que par les pouvoirs publics. Au niveau de la Communauté urbaine, en dehors des projets cités plus haut, le Projet complémentaire d’assainissement de Yaoundé et le projet de piétonisation et de verdissement de l’avenue Kennedy donneront inéluctablement un visage plus reluisant au centre-ville. Si le premier apportera une solution définitive au problème d’inondation à partir d’Elig-Essono jusqu’à la voirie municipale en passant par l’Avenue Kennedy, le deuxième fera de cette avenue un lieu plaisant, fleuri et sécure, avec des cafés et une circulation essentiellement piétonne. Nous menons ce projet de concert avec la Mairie de Paris. Si nous avons déjà présenté les projets Yaoundé cœur de ville, le Bus Rapid Transit et même Move Yaoundé, nous ne pouvons faire fi des projets menés par les autres entités étatiques et même par les privés. Par exemple, un nouveau quartier administratif se développe au quartier Etoudi avec plusieurs sièges d’administrations publiques en construction.
Défis Actuels : La question de l’assainissement urbain revient régulièrement dans l’actualité. Où en êtes-vous dans la mise en œuvre d’un éco- système efficace de gestion des déchets ?
LUC MESSI ATANGANA : Je voudrais d’emblée souligner que la gestion de l’assainissement urbain dans la configuration actuelle ne peut être une question essentiellement portée par les collectivités territoriales décentralisées. Elle nécessite une implication plus large des pouvoirs publics, car nécessitant d’important moyens financiers dont nous ne disposons pas toujours au niveau local. A la Communauté urbaine de Yaoundé, en plus d’avoir ouvert depuis 2022 le secteur de la collecte et du transport des ordures à la concurrence, avec l’arrivée de Thychlof sarl en appui à Hysacam, nous avons relevé le taux de couverture de collecte des ordures à travers la ville.
Pour ce qui est du traitement de ces déchets, nous sommes actuellement en pourparlers avec des investisseurs français et britanniques pour la mise en œuvre d’un projet de valorisation des déchets collectés. Le démarrage de ce projet permet de faire face à la saturation de la décharge de Nkolfoulou. Concernant justement les décharges, pour remédier à la saturation de Nkolfoulou, nous préparons un projet de construction d’une nouvelle décharge à Ongot dans l’arrondissement de Yaoundé 7e. Ce qui permettra aux entreprises de collectes d’être plus proches des décharges en fonction de leurs zones de couverture. Les travaux de la nouvelle décharge seront bientôt lancés. Nous restons ouverts à tous autres investisseurs intéressés par la gestion des ordures à Yaoundé. D’un autre côté, en ce qui concerne l’assainissement des déchets liquides précisément des boues de vidanges, nous avons doté Yaoundé de sa première station de traitement des boues de vidange à Etoa. Celle-ci permet à la ville de gérer de manière autonome ses boues de vidange. Nous avons, grâce à l’appui de l’Association internationale des maires francophones (AIMF), formé et aidé à l’équipement des opérateurs privés du secteur de la vidange afin de moderniser l’activité. A son ouverture en 2021, la station de traitement de boue de vidange comptait 20 camions qui assuraient la navette des ménages pour le site. Aujourd’hui, grâce à la mise en place de cette station, le phénomène de vidange dans les caniveaux et sur les rues a considérablement réduit.
Défis Actuels : Quelles actions concrètes avez-vous menées pour l’éclairage public, l’accès à l’eau et la sécurité dans les différents quartiers de la capitale ?
LUC MESSI ATANGANA : A mon arrivée à la Communauté urbaine, comme je l’ai mentionné plus haut, l’éclairage public faisait déjà partie de mes priorités. Nous avons entretenu le réseau électrique existant, et l’avons même étendu. Tenez par exemple, le long du canal du Mfoundi, nous avons installés 238 lampadaires. De quoi illuminer toute la zone industrielle de Nsam et réduire l’insécurité ambiante dans ce secteur. Mais le bonheur n’aura duré que quelques mois, stoppé net par les actes de vandalisme subi par le réseau électrique. Nous avons déploré le vol des câbles électriques sur ces panneaux quelques mois après leur installation. Une déconvenue qui a accéléré la mise en œuvre du projet d’électrification de la ville par des lampadaires solaires. Cette alternative coûte moins cher. La première phase du projet a permis l’installation de plus de 1000 lampadaires solaires à travers la ville, partant d’Afanoyoa à Yaoundé 3 à Nkolkoumou dans l’arrondissement de Yaoundé 7, en passant par le centre-ville, Ngoa-Ekelle, Polytechnique, Bastos, Efoulan, Odza… Ces lampadaires en plus d’éclairer la ville, contribuent à la sécurité des populations. Parlant toujours de sécurité, nous avons construit et rétrocédé au Délégué général à la Sureté nationale 5 postes de police respectivement logés au carrefour Olezoa, au carrefour Coron, au carrefour Tsinga, au rond-point Bastos, au parcours Vita, ainsi qu’un édifice sis à Warda abritant la compagnie de sécurisation des établissements scolaires et universitaires. Des sites névralgiques de la ville où l’absence des forces de maintien de l’ordre à longueur de journée laissait le champ libre à toutes formes d’agressions et d’actes d’incivisme. Pour ce qui est de l’accès à l’eau potable, la ville de Yaoundé a bénéficié du Projet d’alimentation en eau potable de Yaoundé et ses environs, du ministère de l’Eau et de l’Energie, dont les installations ont été mises en services en 2024. Ce projet dont la mission est de doter Yaoundé de 300 000m3 d’eau potable devrait de manière considérable résorber la question de l’accès à l’eau potable à Yaoundé. Nous avons travaillé avec les équipes du projet pour faciliter son déploiement à travers la ville.

Défis Actuels : Quelle est la place accordée à la culture, au sport et aux loisirs dans le projet de ville porté par la Communauté urbaine de Yaoundé ?
LUC MESSI ATANGANA : La culture, le sport et les loisirs contribuent tous à l’identité d’une ville. Certes nous ne dirons pas que nous allouons autant de moyens à la voirie qu’à la promotion du sport et des loisirs, mais pour nous, chacune de ces pratiques trouve sa place dans notre projet à la tête de la Communauté urbaine de Yaoundé. Nos actions en faveur de la culture, du sport et des loisirs se matérialisent davantage à travers le soutien que nous apportons aux associations et clubs, ainsi qu’aux festivals. Chaque année, les clubs de football de Yaoundé bénéficient du soutien financier de la mairie de la ville. La Communauté urbaine accompagne également les festivals écrans noirs et Yarha, et depuis deux ans déjà le festival Ongolaker. Nous organisons également le championnat de vacances Festifoot Y ongola. Notre action va au-delà de l’accompagnement, nous mettons aussi sur pied des aires de jeux pour les amateurs de sports. Nous avons construit à Yaoundé 4 sur la bande Collavino à Messamendongo une aire de jeux sécurisée et ouverte au public, dotée d’une tribune, un terrain de volley-ball et Basket Ball, ajustable pour le handball et le badminton, avec des vestiaires et des douches.
Défis Actuels : Comment œuvrez-vous pour dynamiser l’économie locale et soutenir les PME, artisans et commerçants de la ville ?
LUC MESSI ATANGANA : L’un des problèmes majeurs des artisans, commerçants et promoteurs d’entreprises est la disponibilité des espaces marchands où exposer et vendre leurs biens. Si l’accès à ces espaces peut être difficile pour plusieurs, à la Communauté urbaine, nous mettons tout en œuvre pour fournir, dans la limite acceptable de notre plan d’urbanisme, des espaces marchands pour tous. En l’espace de quatre ans, nous avons doté la ville de Yaoundé d’une bonne dizaine d’infrastructures marchandes, avec de milliers de boutiques et étals. Nous avons construit grâce à des partenariats public-privé un complexe commercial à Etoudi avec plus de 350 boutiques et 150 box de 4m2 ; nous avons construit sur 1,5 ha un nouvel espace de 250 boutiques et boxes et 2700 comptoirs au marché Mokolo, afin d’y caser les petits commerçants et les vendeurs à la sauvette qui pullulaient sur les artères du marché. Nous avons construit le marché Ongola au marché central, afin de recaser les vendeurs à la sauvette de l’Avenue Kennedy. Le nouveau marché moderne compte six blocs de bâtiments constitués de 200 boutiques 25 kiosques et 445 comptoirs. La liste est longue, nous pouvons rajouter les travaux d’extension du marché Essos, les espaces marchands de la plateforme multimodale d’Olembe…
Défis Actuels : La ville de Yaoundé accueille de nombreux évènements nationaux et internationaux. Comment capitalisez-vous sur cette attractivité pour en faire un levier de développement ?
LUC MESSI ATANGANA : Il faut le dire, la ville de Yaoundé attire. Nous sommes sollicités au quotidien pour plusieurs évènements qui se tiennent dans notre ville. Pour capitaliser sur cette attractivité, en plus des efforts que nous déployons au quotidien pour assurer l’hygiène et la salubrité de la ville, nous améliorons l’attractivité de la ville en la dotant d’espaces de détentes et de souvenirs. C’est dans ce cadre que nous avons conçu et construit le monument de l’Unité et le monument Patriote pour renforcer l’offre touristique de notre ville.
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Développement durable : l’Etat et le Système des Nations Unies harmonisent la coopération autour de la SND30

Ce processus, mené dans un contexte de réformes internes du système onusien, vise à renforcer la cohérence et l’efficacité des interventions. L’enjeu principal est d’aligner les appuis techniques et financiers des Nations Unies sur les orientations de la Stratégie nationale de développement du Cameroun (SND30), tout en intégrant les nouvelles approches de la planification basées sur la donnée et les résultats.
Le coordinateur résident du Système des Nations Unies au Cameroun, Dr. Issa Sanogo, a rappelé que cette phase de conception s’inscrit dans une logique d’intégration et de performance. « Il s’agit de prendre en compte un certain nombre de réformes globales qui visent à permettre aux Nations Unies de travailler de façon plus efficace et intégrée, en priorisant les transitions vers l’accélération des Objectifs de développement durable », a-t-il expliqué. Les discussions portent sur la formulation d’un Cadre de résultats et de Théories du changement (TdC).
Ces outils constituent la base d’une gestion axée sur les résultats, approche de planification qui relie directement les ressources mobilisées aux effets mesurables attendus. L’objectif est d’assurer un suivi rigoureux des engagements pris, d’évaluer les impacts sur les populations et d’ajuster les interventions en fonction des performances constatées. Les travaux s’appuient sur l’évaluation finale du précédent Cadre de coopération 2022- 2026, qui a souligné la nécessité d’une meilleure articulation entre les agences onusiennes et les structures nationales. Cette révision s’inspire aussi des principes de la réforme onusienne dite UN 2.0, qui met l’accent sur la production et l’usage stratégique de la donnée, la prospective et la prévention, dans un contexte mondial marqué par la complexité des crises.
« Dans ce cadre, nous avons eu à faire un certain nombre de travaux en collaboration avec le gouvernement pour nous assurer que les priorités nationales, qui sont incluses dans la SND30, sont toujours valides dans le cadre du développement durable du Cameroun, et que les priorités que les Nations Unies vont adresser seront en parfait alignement avec celles du gouvernement pour accélérer les objectifs de développement national. À ce sujet, nous avons trois priorités sur lesquelles les différents travaux se sont accordés », a déclaré Dr Issa Sanogo.
Trois axes structurent désormais la coopération entre le Cameroun et les Nations Unies. Le premier concerne le développement du capital humain, entendu comme l’ensemble des compétences, savoirs et capacités nécessaires à la croissance économique. Il met l’accent sur l’inclusion sociale, la formation et l’adaptation des jeunes et des femmes aux mutations du marché du travail. Le deuxième axe porte sur la transformation économique, avec une attention particulière à la diversification productive, à la transition écologique et énergétique, ainsi qu’à la création d’emplois durables. Cette orientation répond à la nécessité d’arrimer la trajectoire camerounaise aux impératifs de résilience et de compétitivité. Le troisième pilier est celui de la gouvernance, envisagée comme condition d’une action publique cohérente et d’une cohésion sociale renforcée. L’approche se veut inclusive, en intégrant les principes de transparence, de participation et de prévention des conflits.
L’atelier, conduit sous les coordinations du ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire et le système des Nations Unies au Cameroun, a également pour objectif de valider les priorités stratégiques alignées sur les Six transitions ODD (énergétique, numérique, démographique, productive, sociale et environnementale). Ces transitions constituent le socle des actions prévues pour accélérer la réalisation des Objectifs de développement durable à l’horizon 2031.
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Banques et établissements financiers: 4 ans pour augmenter le capital

Le délai fixé au terme d’une concertation entre la Cobac et les acteurs du secteur financier de la zone Cemac permet aux banques de faire passer leur capital minimum de 10 à 25 milliards de FCFA et d’1 à 4 milliards pour certains établissements de crédit.
Dès 2026, les établissements financiers de la sous-région ainsi que les banques devront afficher un capital plus relevé. C’est ce que prévoit le projet de relèvement du capital social minimum dans le secteur. Ce texte a été présenté aux acteurs par la Commission bancaire d’Afrique centrale (Cobac) le 30 octobre dernier à Libreville au Gabon.
La réforme avait été annoncée depuis quelques années. Mais les acteurs du secteur sollicitaient une rallonge du délai. Au terme des concertations de Libreville, un délai de 3 à 4 ans a finalement été accordé aux acteurs pour se conformer aux nouveaux seuils de capital social. Le calendrier prévoit une mise en œuvre progressive à partir de janvier 2026 et ce jusqu’au 31 décembre 2029. Pour les banques de la Cemac, il s’agira de passer de 10 milliards à 25 milliards FCFA. L’échelonnement prévoit 15 milliards de FCFA au plus tard le 31 décembre 2026, 20 milliards de FCFA au plus tard le 31 décembre 2027, 25 milliards de F CFA au plus tard le 31 décembre 2028.
Pour les établissements de crédit agréés dans la catégorie d’établissement financier, ils devraient porter leur capital social à au moins 3 milliards de FCFA au plus tard le 31 décembre 2026, 3,5 milliards cinq cents millions de F CFA au plus tard le 31 décembre 2027 et 4 milliards de FCFA au plus tard le 31 décembre 2028. Il s’agit ici des « établissements financiers non bancaires, c’est-à-dire qui ne collectent pas l’épargne publique et accordent uniquement le crédit », précise David Kengne, expert financier.
Selon la Cobac, cette extension vise à renforcer la résilience des établissements de crédit et à améliorer leur capacité à financer les économies de la Cemac. La dernière réforme similaire date de 15 ans. Il faut dire que les établissements de microfinance avaient déjà connu leur augmentation de capital à la faveur du règlement CEMAC/UMAC/COBAC adopté en 2017. Mais, d’après David Kengne, « rien n’exclut l’adoption d’un nouveau règlement les années à venir qui exige un niveau de capital social plus élevé que celui fixé en 2017 pour les établissements de microfinance de 2ème et 3ème catégorie. Les tendances du secteur obligent de mener une réflexion allant dans ce sens ».
Les participants à la rencontre organisée par la Cobac ont discuté de la possibilité d’ouverture du capital des établissements de crédit au marché boursier en vue de mobiliser les fonds nécessaires pour renforcer le capital exigé. La distinction du niveau de capital minimum en fonction de la typologie de l’actionnariat et des modèles d’affaires des établissements a également fait débat.
Réactions
David KENGNE, expert en règlementation bancaire
« Ce projet vise à améliorer la solvabilité et la confiance des établissements financiers »
« Le projet d’augmentation du capital des établissements financiers dans la zone CEMAC vise avant tout à améliorer leur solvabilité et à renforcer la confiance vis-à-vis des partenaires financiers et commerciaux de l’institution. L’augmentation du capital social des établissements financiers peut également leur ouvrir les portes à l’obtention des financements extérieurs. Le capital social est un élément clé des fonds propres d’un établissement financier. Plus les fonds propres sont importants, plus l’établissement financier est crédible. De même, les investisseurs portent un regard particulier sur les fonds propres d’un établissement financier pour décider s’ils travaillent avec cet établissement financier ou pas. Enfin, en décidant d’augmenter le capital social des établissements financiers, la COBAC vise à amortir les chocs survenus du fait du volume des impayés du portefeuille de crédit des institutions financières dans son ensemble. Nous estimons que le délai de quatre ans donné aux établissements financiers pour se mettre en conformité avec ce règlement nous semble raisonnable pour les anciens établissements. Le problème se posera sans doute avec les nouveaux entrants à qui il sera exigé de présenter de fait ce montant pour obtenir l’agrément avant d’exercer dans l’un des pays de la CEMAC. »
Blaise Hervé FEUNKE, acteur financier
« Il faut donner aux banques les moyens réels de se renforcer durablement »

« Il est essentiel que cette réforme soit mise en œuvre de manière progressive et accompagnée, afin de ne pas fragiliser les établissements de taille moyenne ou à capital local. L’objectif n’est pas d’exclure des acteurs, mais de favoriser un secteur plus solide et plus compétitif, capable de financer durablement les économies de la sous-région. Bien conduite, cette réforme contribuera à bâtir un système bancaire plus résilient, mieux intégré et à la hauteur des ambitions économiques de la CEMAC. Le délai de quatre ans fixé par la COBAC pour atteindre les nouveaux seuils de capitalisation est raisonnable en théorie, mais il pourrait s’avérer juste pour certaines banques dont la structure financière demeure fragile. Mobiliser 25 milliards de FCFA suppose non seulement des apports importants des actionnaires existants, mais aussi la capacité à attirer de nouveaux investisseurs, souvent dans un environnement économique encore contraint. Pour les filiales de groupes internationaux ou les établissements déjà bien capitalisés, cet objectif est accessible. En revanche, pour les banques à capital local ou de taille moyenne, la contrainte est réelle. Dans ce sens, plusieurs pistes pourraient être envisagées. D’abord, étaler la mise en œuvre de la réforme selon la taille et la solidité des établissements, avec des étapes intermédiaires et des délais ajustés. Ensuite, favoriser le recours au marché financier, comme l’a proposé la COBAC pendant les travaux, mais en rendant ce marché plus attractif et plus accessible, notamment par une simplification des procédures et des coûts d’introduction en bourse. On pourrait aussi encourager des fusions stratégiques entre banques locales pour atteindre plus facilement le seuil de capitalisation, ou encore prévoir des incitations fiscales pour les augmentations de capital. L’objectif n’est pas seulement de respecter un seuil réglementaire, mais de donner aux banques les moyens réels de se renforcer durablement tout en continuant à financer les économies de la sous-région. »
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Avoirs en déshérence : la Cobac sollicite le Minfi pour résoudre le différend entre la Cdec et les banques

La COBAC hausse le ton. Dans une lettre officielle datée du 22 octobre 2025 et signée par le secrétariat général adjoint de la Commission bancaire d’Afrique centrale, l’institution communautaire demande au ministre camerounais des Finances, Louis Paul Motaze, de mettre fin aux « perturbations » causées par la Caisse des dépôts et consignations du Cameroun dans le secteur bancaire. Cette requête intervient après une alerte formelle de l’Association professionnelle des établissements de crédit du Cameroun (APECCAM), adressée à la COBAC le 6 octobre 2025, évoquant un « risque élevé de crise sur le système bancaire ».
La COBAC cite longuement cette plainte, reproduisant notamment le passage suivant : « La CDEC a déposé des plaintes devant les juridictions nationales pour détournement de fonds publics à l’encontre des dirigeants des établissements de crédit, engagé des saisies (assorties d’avis à tiers détenteurs) à hauteur de plusieurs milliards de FCFA, mais aussi adressé aux maisons mères des banques internationales des correspondances comportant des menaces. » À ces actions « s’ajoutent plusieurs autres de la CDEC, dirigées contre des établissements de crédit, de microfinance et de paiement du Cameroun, lesquelles ont régulièrement été dénoncées à la COBAC», peut-on lire dans la lettre mentionnée supra.
UNE RÉGLEMENTATION DÉSORMAIS CLAIRE
La COBAC rappelle que ces démarches interviennent alors que la réglementation communautaire sur les dépôts en déshérence est désormais claire. Selon la lettre, les initiatives de la CDEC visent « essentiellement à se faire transférer les fonds qui, selon elle, lui sont dévolus par la loi, notamment des avoirs en déshérence issus des comptes bancaires inactifs ». Or, la Commission bancaire explique que, face aux inquiétudes du public sur les conséquences des textes nationaux encadrant la gestion de ces fonds, « jusqu’alors peu connus, et ayant constaté que les législations nationales n’étaient pas harmonisées sur ces questions », elle « a entrepris l’élaboration d’une réglementation communautaire dans ce domaine, ainsi que l’uniformisation des règles de fonctionnement et de supervision des entités de type “Caisse des dépôts et consignations” dans la CEMAC ».
Ce processus, « entamé il y a quelques années, a connu une évolution rapide à partir de 2024, au regard de la nécessité de mettre en place, à brefs délais, un cadre réglementaire permettant à la fois d’assurer une protection optimale des déposants et de faciliter le transfert aux Caisses des dépôts et consignations des fonds escomptés pour la mise en œuvre de leurs missions au service du développement de nos États », souligne la Cobac.
À la suite de multiples concertations et rencontres entre les autorités nationales et communautaires de régulation bancaire et les institutions financières de la zone, le Comité ministériel de l’Union monétaire d’Afrique centrale, réuni le 12 juillet 2025 à Malabo, a adopté à l’unanimité « le règlement n° 01/25/CEMAC/UMAC/COBAC relatif aux conditions d’exercice et à la supervision de l’activité des Caisses des dépôts et consignations dans la CEMAC ; ii) le règlement n° 02/25/CEMAC/UMAC/COBAC relatif au traitement des comptes inactifs et des avoirs en déshérence dans les livres des établissements assujettis à la COBAC (PJ 2 et PJ 3). Ces textes sont entrés en vigueur le 1er septembre 2025 ; ils sont obligatoires dans tous leurs éléments et directement applicables dans tout État membre (article 41 du Traité de la CEMAC) », peut-on lire dans le document ventilé par le régulateur du système bancaire.
Pour plus de précisions, la COBAC indique dans sa correspondance officielle adressée au Minfi, que « le règlement CEMAC n° 02/25 prescrit aux établissements assujettis à la COBAC des obligations en termes de suivi des comptes inactifs, de recherche et d’information de leurs titulaires, et de transfert des avoirs en déshérence à la Caisse des dépôts et consignations (ou à la direction nationale de la BEAC) au terme d’une période d’inactivité de dix (10) ans ». Toutefois, « tenant compte de la préexistence de législations nationales dans le domaine et de l’importance de ne pas fragiliser les prévisions financières des Caisses des dépôts et consignations en activité, l’article 26 de ce règlement prévoit que les établissements assujettis qui ont déjà enregistré une inactivité d’au moins dix (10) ans sur les comptes et coffres logés dans leurs livres, à la date d’entrée en vigueur du présent règlement, transfèrent les avoirs détenus sur ces comptes à la Caisse des dépôts et consignations du pays de leur implantation (…) ».
Pour préparer cette mise en œuvre, le secrétariat général de la COBAC avait adressé, le 21 mai 2025, une circulaire demandant aux banques de transmettre le volume d’avoirs qui « devraient être transférés à la Caisse des dépôts et consignations ou à la direction nationale de la BEAC de ressort ». À partir de juillet, des astreintes ont été appliquées aux établissements n’ayant pas répondu. « Les diligences visant à accompagner les établissements (…) sont en cours de finalisation », écrit l’institution.
UN FORCING NOCIF ?
Dans ce contexte, « il est donc incompréhensible que la CDEC s’évertue à engager des poursuites à l’encontre des établissements de crédit, de microfinance et de paiement du Cameroun, en dépit des mesures réglementaires et opérationnelles susmentionnées. Il est particulièrement regrettable que certaines de ces actions s’effectuent en violation des textes en vigueur, tel que rappelé dans la lettre ci-jointe que le président de la COBAC a adressée au directeur général de la CDEC ». D’où l’appel direct lancé au ministre. La Commission sollicite son intervention « en qualité d’autorité monétaire nationale et autorité de tutelle de la CDEC » afin d’obtenir l’arrêt immédiat des procédures judiciaires et saisies.
La lettre signale enfin un second motif d’inquiétude. De nouvelles exigences de la CDEC en matière de cautionnement pour marchés publics. Selon la COBAC, ces règles seraient « non conformes aux dispositions législatives », contraires aux bonnes pratiques et susceptibles de créer des tensions de trésorerie dans les banques. En clair, la COBAC estime que la CDEC dépasse son périmètre, agit en marge de la réglementation communautaire et met en péril la stabilité financière du Cameroun. Elle attend désormais une réaction de la tutelle pour ramener la Caisse dans le cadre fixé à l’échelle de la CEMAC.
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