Le Cameroun est en deuil après le décès du sénateur Calvin Zang Oyono, président du groupe parlementaire du RDPC au Sénat. Il aurait succombé à une brève maladie.
Si les discours officiels ont longtemps mis en avant son engagement au service de l’État, un regard plus attentif sur sa carrière soulève des questions essentielles sur l’opportunisme politique et les liens parfois flous entre affaires et pouvoir.
Une Carrière Entre Prestige et Ambiguïté
Né dans l’arrondissement de Zoétélé, département du Dja-et-Lobo, dans la région du Sud, Calvin Zang Oyono était perçu par beaucoup comme un serviteur exemplaire de l’État. Diplômé de l’École nationale d’administration et de magistrature (ENAM), il a rapidement gravi les échelons de l’administration publique. Son parcours, marqué par sa nomination en tant que directeur général adjoint de la Cameroon Oil Transportation Company (COTCO), a suscité des interrogations : son ascension était-elle uniquement due à son mérite ou aussi au soutien de réseaux politiques influents ?
Il a démissionné de COTCO pour se consacrer pleinement à son rôle de parlementaire, un choix présenté officiellement comme un sacrifice au service du pays. Pourtant, certains y voient une manœuvre stratégique visant à renforcer son influence, plutôt qu’un simple acte de dévouement.
Une Montée en Puissance Politique
En avril 2018, Calvin Zang Oyono a été nommé sénateur par décret présidentiel. Dès le mois de mai, il accédait déjà à la présidence du groupe parlementaire du RDPC au Sénat. Cette ascension rapide, saluée par ses partisans, n’a pas échappé aux critiques. Certains y voient l’illustration d’un système politique où la loyauté et le clientélisme peuvent parfois primer sur la transparence et la responsabilité. Ses liens étroits avec les cercles influents du pouvoir et du monde des affaires alimentent l’idée d’un réseau où l’alignement politique l’emporte souvent sur les réformes de fond.
Un Héritage Sous le Feu des Questions
Les récits officiels insistent sur son rôle dans la promotion de projets législatifs pour le développement national. Pourtant, son héritage mérite une analyse plus critique. Sa démission de COTCO et sa carrière politique ont-elles réellement été dictées par un engagement sincère au service du public, ou faisaient-elles partie d’une stratégie plus large pour s’ancrer dans une sphère de pouvoir traditionnellement fermée ?
Si ses partisans le considèrent comme un leader dévoué, ses détracteurs se demandent si son action a véritablement apporté un changement progressiste ou si elle a simplement consolidé les hiérarchies politiques existantes.
À l’Ombre de la Mort
La disparition soudaine du sénateur Calvin Zang Oyono, après une courte maladie, a déclenché un débat complexe. Pour certains, sa mort représente l’épilogue d’une trajectoire marquée par les contradictions politiques, rappelant que « la mort n’emporte que le faux, laissant le vrai à jamais vivant ». Pour d’autres, c’est un moment propice à une réflexion plus profonde sur les valeurs de la classe politique camerounaise et les mécanismes qui permettent des ascensions sans véritable contre-pouvoir.
Son décès symbolise à la fois une fin et une opportunité : celle de s’interroger sur l’intégrité du système et sur les réformes nécessaires pour briser le cycle du pouvoir verrouillé.
Un Bilan Contrasté
Le sénateur Calvin Zang Oyono a connu une carrière jalonnée de succès et d’honneurs, mais aussi de controverses. Sa vie et son héritage restent au cœur de débats passionnés, révélateurs des tensions plus larges qui traversent la scène politique camerounaise — un paysage où le service public et l’ambition politique sont souvent étroitement liés.