SHANGHAI, 4 septembre (Xinhua) — « Je suis vraiment impressionnée par les efforts déployés par la Chine dans la promotion du développement durable. C’est une leçon que de nombreux pays africains, en particulier le Kenya, doivent apprendre », a déclaré Beatrice Elachi, membre de l’Assemblée nationale du Parlement du Kenya et secrétaire général de la branche kenyane de l’Association d’amitié Chine-Afrique.
Mme Elachi a fait ces remarques lors du Forum des législateurs pour les échanges amicaux 2024, qui s’est tenu mardi, à Shanghai, métropole orientale de la Chine, rassemblant 49 législateurs de 43 pays du monde pour aborder le thème « Revitaliser le partenariat mondial pour le développement durable ».
L’Afrique est un partenaire important de la Chine dans la mise en oeuvre de l’Initiative pour le développement mondial. Lors du forum, des participants africains ont affirmé que la coopération sino-africaine jouait un rôle important dans le développement de l’Afrique et que les pays africains pouvaient s’inspirer des expériences chinoises en matière de développement durable.
Les infrastructures constituent une base solide pour le développement. Comme le dit un vieux dicton chinois, « pour devenir riche, il faut construire des routes. » Au fil des ans, dans le cadre du Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA) et de l’initiative « Ceinture et Route », la Chine a fermement soutenu les pays africains dans l’amélioration des infrastructures et de la connectivité.
« Les infrastructures construites par la Chine, notamment dans le domaine du transport, sont essentielles pour le développement durable de l’Afrique », a noté Jaafaru Yakubu, président de la commission des relations Nigeria-Chine de la Chambre des représentants du Nigeria, ajoutant que cette coopération avait créé des opportunités de développement pour le continent.
Du chemin de fer Mombasa-Nairobi au Kenya, au port en eau profonde de Kribi au Cameroun, en passant par la centrale hydroélectrique Kafue Gorge Lower en Zambie, la Chine et les pays africains ont travaillé ensemble ces dernières années pour construire et améliorer près de 100.000 kilomètres de routes, plus de 10.000 kilomètres de voies ferrées, près de 1.000 ponts et près de 100 ports.
Un train à destination de Mombasa à la gare terminus de Nairobi du chemin de fer à écartement standard Mombasa-Nairobi, construit par la Chine, à Nairobi, au Kenya, le 20 septembre 2023. (Photo : Han Xu)
L’éradication de la pauvreté est également une aspiration commune du peuple africain. « Dans le cadre des objectifs de développement durable, la lutte contre la pauvreté est l’un des défis les plus importants auxquels sont confrontés plusieurs pays du monde, notamment mon pays, l’Algérie », a indiqué Mawloud Layeb, membre de l’Assemblée populaire nationale de l’Algérie.
Selon les propos tenus par le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Lin Jian, lors d’un point de presse régulier, des dix plans de coopération aux neuf programmes de coopération sino-africaine, la réduction de la pauvreté a toujours été un élément important.
Ces dernières années, la Chine a mis en oeuvre 47 projets de réduction de la pauvreté et de développement agricole, formé près de 9.000 personnes dans le domaine de l’agriculture, et partagé plus de 300 technologies avancées et applicables, ce qui a bénéficié à plus d’un million de foyers ruraux en Afrique. La technologie chinoise Juncao et le riz hybride sont devenus un symbole de la coopération agricole.
« La Chine et la Sierra Leone travaillent conjointement de manière remarquable dans la lutte contre la pauvreté et la sécurité alimentaire », a apprécié Benjamin Turay, membre du Parlement de la Sierra Leone, appelant à une coopération plus étendue dans l’éducation et la formation professionnelle.
D’après lui, la jeunesse est l’avenir d’un pays. « Dans tout pays désirant se développer, la promotion de l’éducation devrait être une priorité, ce qui peut contribuer à combler dans une certaine mesure le retard d’un pays. »
Ceci est conforme à la philosophie de longue date de la Chine : « il est plus important de montrer aux gens comment pêcher que de leur donner du poisson. » La formation des talents pour l’Afrique est toujours une initiative importante chinoise dans sa contribution au développement durable de l’Afrique.
En tant que label de renommée internationale de l’enseignement professionnel chinois, la construction de l’atelier Luban a fait preuve d’une grande vitalité. Actuellement, la Chine a construit 17 ateliers Luban dans 15 pays africains, dont l’Egypte, l’Afrique du Sud et le Burkina Faso, formant des talents africains dans les télécommunications, la fabrication intelligente, le commerce électronique et d’autres domaines.
Des canards à faucilles survolent la réserve naturelle nationale de Chongming Dongtan, à Shanghai, dans l’est de la Chine, le 6 février 2024. (Photo : Yuan Xiao)
Poursuivre le développement d’une manière verte et écologique est l’un des sujets clés du forum et l’une des questions abordées actuellement par les pays du monde qui s’efforcent de parvenir à un développement durable.
Visitant Shanghai pour la première fois, Jaafaru Yakubu a été frappé par la fusion de la modernité ainsi que par la préservation de l’environnement au sein de la ville. « Cette ville de près de 25 millions d’habitants est le centre économique et commercial de la Chine, mais elle s’efforce de chercher à respecter l’environnement. »
La réserve naturelle nationale de Chongming Dongtan, à Shanghai, a été inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO en juillet de cette année. Lors de sa visite de la réserve, Beatrice Elachi a pris connaissance des efforts déployés par la Chine dans la protection de l’environnement au cours des dernières années.
« La Chine promeut activement son développement tout en restant très sérieuse en matière d’écologie », a-t-elle souligné lors de visite qui n’était pas la première dans le pays. Evoquant les changements, elle a surtout été impressionnée par le nombre croissant de projets d’énergie propre, l’amélioration progressive de la qualité des ressources en eau, et l’augmentation de la couverture verte.
Selon elle, la technologie d’irrigation avancée de la Chine peut aider le Kenya à améliorer l’état des terres sèches, les deux parties disposant d’un grand potentiel de coopération dans ce domaine.
« La Chine un grand pays en développement avec une population de 1,4 milliard d’habitants, et pourtant, il est à l’avant-garde au niveau mondial en matière de protection écologique, de prévention de la pollution et de classification des déchets. Tous les pays en développement doivent s’en inspirer afin de développer la coopération Sud-Sud pour un avenir plus durable », a-t-elle poursuivi.
FAITS DIVERS • Une affaire de faux documents, de détournement de deniers publics et de menaces de mort éclabousse la mairie de cette commune du Mbéré. Les trois hommes devront s’expliquer devant les enquêteurs.
C’est un coup de tonnerre dans le paysage politique local. Abdouramanou Labi, maire de la commune de Ngaoui dans le département du Mbéré (région de l’Adamaoua), a été officiellement convoqué par la Division régionale de la police judiciaire de Ngaoundéré. Deux de ses proches collaborateurs – le receveur municipal Mal Mahamoudou et le secrétaire général Mohamadou Moustapha – sont également concernés par cette convocation notifiée par huissier.
Une triple mise en cause pour des délits graves
Selon nos informations, les trois hommes sont soupçonnés d’un ensemble de délits particulièrement graves :
Faux et usage de faux en écriture publique (une spécialité attribuée au secrétaire général dans le dossier)
Détournement de deniers publics
Menaces de mort avec arme
Trafic d’influence
Les plaintes à l’origine de cette convocation émanent visiblement de plusieurs sources, révélant des tensions persistantes au sein de l’administration communale.
Une affaire qui pourrait faire des vagues
Si les faits sont avérés, ce dossier pourrait bien dépasser le simple cadre local. Dans cette région où la confiance envers les institutions est souvent mise à mal, ces accusations tombent à pic pour alimenter le débat sur la gouvernance des collectivités territoriales.
Contactée, la mairie de Ngaoui n’a pas souhaité réagir dans l’immédiat, se contentant de confirmer la réception des convocations. Du côté de la police judiciaire, on reste discret sur le calendrier des auditions, mais une source proche du dossier nous confie : « L’enquête est sérieuse, les éléments à charge semblent solides. »
Le maire d’Olanguina, dans le département de la Mefou-et-Afamba, a été placé sous mandat de dépôt à la prison centrale de Kondengui. En ligne de mire : un présumé détournement de 190 millions de francs CFA destinés à des projets d’investissement public.
Une plainte déposée dès 2021
L’affaire couvait depuis un moment. C’est en 2021 que tout a commencé, avec une plainte collective déposée auprès du Tribunal Criminel Spécial (TCS) par plusieurs conseillers municipaux, parmi lesquels Ambela Foumena, Ze Ze, Ze Gérard, ainsi que Ntsogo Zanga, Cathy Abada, Assogolo Zakarie et Essindi Nkou. Tous pointent du doigt le maire en exercice, Bikoula Bekono, pour une gestion jugée opaque du budget d’investissement public de l’année 2020.
Au cœur des accusations : un montant de 190 millions FCFA censé financer des projets structurants pour la commune, mais dont la réalisation laisse sérieusement à désirer.
Projets fantômes, fonds disparus
Les documents transmis au TCS sont explicites. Plusieurs projets budgétisés n’auraient tout simplement jamais vu le jour. Parmi les plus emblématiques :
La réhabilitation du tronçon routier Olanguina-Mvolo-Nkosso-Emvan, pour un montant de 27,7 millions FCFA.
L’ouverture de la route Bisouk-Ngosse, chiffrée à 23 millions FCFA.
Des travaux supposés réalisés en régie, c’est-à-dire directement sous la maîtrise de la mairie, mais qui n’ont apparemment laissé aucune trace sur le terrain. Pour les plaignants, il ne fait aucun doute que ces sommes ont été détournées.
Une arrestation après une ultime tentative de report
Convoqué la semaine dernière par le TCS, Bikoula Bekono aurait tenté de gagner du temps, sollicitant un report pour pouvoir boucler les Journées du JEICOM, un événement dédié à la jeunesse communale. Mais cette dernière manœuvre n’aura pas suffi à écarter l’échéance judiciaire.
Présenté lundi au juge, le maire a passé la nuit dans les locaux du TCS, avant d’être officiellement incarcéré mardi à Kondengui. Une décision rendue après plusieurs heures de discussions informelles dans les couloirs du tribunal, selon une source proche du dossier.
Une onde de choc dans la commune
Ce placement en détention préventive fait l’effet d’une bombe dans cette petite commune de la Mefou-et-Afamba, où la gestion municipale fait déjà l’objet de nombreuses critiques. Pour beaucoup d’habitants et d’élus, cette arrestation marque peut-être le début d’une ère de transparence… ou du moins, une prise de conscience.
Le maire Bikoula Bekono reste présumé innocent jusqu’à l’issue de la procédure, mais son incarcération à Kondengui augure un procès sous haute tension — et potentiellement explosif pour d’autres responsables locaux. Le Tribunal Criminel Spécial devra désormais démêler le vrai du faux dans un dossier qui illustre, une fois de plus, les ravages de la corruption dans la gestion des fonds publics.
Cameroun : Alida Atangana, emprisonnée après avoir dénoncé son père pour viol, privée de liberté et de son bébé
Depuis quatre jours, Alida Atangana dort en cellule à la brigade de gendarmerie de Mfou. Cette jeune maman de 26 ans, qui allaite encore son bébé de huit mois, est privée de liberté après avoir eu le courage de dénoncer des abus sexuels présumés commis par son propre père, Saintdésir Atango, figure bien connue de la scène culturelle camerounaise. Une situation qui scandalise une partie de l’opinion et soulève de nombreuses questions sur le traitement des victimes de violences sexuelles au Cameroun.
Ce qui aurait dû être une procédure judiciaire visant à faire éclater la vérité semble aujourd’hui se transformer en une affaire d’intimidation, de pressions familiales et de déni de justice.
Une confrontation qui tourne à la détention
Tout bascule le mercredi 4 juin. Alida est convoquée à la Légion de gendarmerie du Centre pour une confrontation avec son père et sa sœur aînée. Une étape normale dans une enquête, sauf que la suite prend un tournant inattendu.
« À la fin de la confrontation, son père lui a demandé de retirer sa plainte. En échange, il lui promettait de l’argent provenant de la vente d’un terrain », raconte sa mère, Bedzissa Léonie, visiblement bouleversée. Le lendemain matin, Alida se présente à nouveau, comme demandé, mais ne sera jamais conduite devant le procureur comme prévu. Elle est directement placée en garde à vue, dans la même cellule que sa sœur — laquelle tenait dans ses bras son propre bébé d’un mois.
Son père, désigné comme le principal mis en cause dans cette affaire de viol incestueux, est quant à lui placé dans une cellule séparée.
Une garde à vue prolongée aux allures de punition
Alors que les jours passent, l’incompréhension grandit. La plainte déposée initialement semble avoir disparu du dossier. Et en raison du long week-end de la fête du mouton, la garde à vue pourrait se prolonger jusqu’au lundi. « Alida est exténuée. Elle est pâle, elle n’a pas fermé l’œil depuis plusieurs jours. Elle pensait rentrer chez elle quelques heures après sa convocation. Elle a dû laisser son bébé allaité à la maison… », décrit sa mère, la voix brisée par l’angoisse.
Silence imposé et tentatives d’étouffer l’affaire
En arrière-plan, un jeu d’influence malsain semble se dessiner. Selon la famille, des menaces auraient été adressées à Alida et à ses proches pour les pousser à retirer la plainte. Le père aurait proposé une compensation financière pour faire taire l’affaire, évoquant de l’argent issu de la vente d’un terrain.
Un enregistrement d’une conversation interceptée par la mère entre Alida et sa sœur laisse entendre la pression morale exercée pour « sauver la famille », quitte à sacrifier la parole de la victime.
Un appel à l’aide face à l’injustice
Face à cette situation absurde et choquante, la mère d’Alida ne cache plus son désespoir. « J’aime mes enfants. Je veux juste qu’elles sortent de ce cauchemar. Aidez-moi, je vous en supplie », implore-t-elle, en larmes.
L’affaire Alida Atangana résonne désormais comme un cri d’alarme. Au-delà d’un simple fait divers, c’est la question du traitement réservé aux victimes d’agressions sexuelles, de la corruption et du pouvoir patriarcal dans les institutions judiciaires qui est posée. Et une chose est sûre : ce silence, trop souvent imposé aux victimes, mérite d’être brisé.